Au terme de ce voyage dans trois pays d’Amérique latine (Équateur, Bolivie, Paraguay), le bilan du pape François est impressionnant, parce que ce sont vraiment les populations qui ont été touchées par son message direct et profond. Le charisme de ce pape s’est encore affirmé au contact de ce continent où il est né, où il a exercé son ministère sacerdotal, parce que spontanément il sait ce qu’il faut dire pour toucher les cœurs. Ce terme de charisme ne doit donc pas être entendu au sens de la simple sociologie politique, avec la détermination que lui a donné un Max Weber. Il se rapporte très précisément aux dons de l’Esprit tels que saint Paul les expose aux fidèles de l’Église de Corinthe : « Il y a certes, diversité des dons spirituels mais c’est le même Esprit ; diversité des opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. À chacun, la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun » (1Cor 12,4-6). Il ne s’agit donc pas de qualité purement humaine, du genre qui subjugue à des fins de prestige personnel et d’influence sociale.
Saint Paul marque la différence par la charité qui transforme tout, notamment les qualités personnelles, au service de la Parole de Dieu pénétrant les intelligences et touchant ce que l’Écriture appelle « les entrailles de miséricorde ». Il n’est pas une seule des interventions du Pape, au cours de ce voyage apostolique, qui ait dérogé à cette transmission du message. Celle qui s’adresse à tout un chacun, en lui parlant directement et en l’appelant à changer sa vie, en imitant le Seigneur et en suivant les principes de l’Évangile. L’homélie sur la famille, prononcée à Guayaquil en Équateur, était un exemple du genre. Méditée à partir de l’épisode des noces de Cana, et spécialement de l’attitude maternelle de Marie, elle se rapportait à l’existence la plus concrète de toutes les familles, en développant une catéchèse très complète et une exhortation qui résumait les obligations de l’existence commune, elles-mêmes associées à la gratuité d’une Église domestique, lieu d’échanges et de solidarité.
Le pape François a beaucoup insisté sur la situation économique et sociale du monde d’aujourd’hui, dans le prolongement de sa récente encyclique, Loué sois-tu (surtout dans l’homélie prononcée le dernier jour au Paraguay au parc Nu Guazu d’Asunción).
À un moment où se posent des questions graves à propos des orientations de la production et de la consommation ainsi que du rôle des échanges financiers, il ne fait pas de doute que la parole de l’Église, là encore, doit se faire entendre, au service supérieur de la charité.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI