Le rassemblement des cardinaux à Rome à l’occasion d’un consistoire, qui verra l’entrée de toute une nouvelle « promotion » dans le Sacré Collège, est l’occasion pour le Pape d’une consultation sur quelques grands sujets de souci pour l’Église. On reparle abondamment de la perspective d’une réforme institutionnelle qu’un G8 (huit cardinaux nommés à cet effet) est chargé d’élaborer. Selon une vieille formule, l’Église est toujours à réformer, elle a toujours à se remettre en cause pour mieux correspondre à sa mission. Mais pour reprendre le titre d’un célèbre essai de l’ecclésiologue Yves Congar, il y a une vraie et une fausse réforme de l’Église. Croire que les progrès de l’évangélisation viendraient d’une mythique transformation des structures serait une erreur et une illusion. La vitalité du corps mystique est d’abord le fruit de la foi vécue et de la charité partagée. Contrairement aux stéréotypes courants, l’Église ne consiste pas d’abord dans une administration centralisée, elle est une communion irriguée par la grâce sacramentelle et sa réalité existentielle est celle d’un tissu tout d’abord paroissial duquel participe l’immense foule des baptisés.
L’organisation hiérarchique est au service de cette communion. Rien de plus caricatural que l’idée d’une papauté qui dirigerait d’une main de fer cet ensemble complexe et souple. Certes, il y a tout avantage à ce que les organismes de direction et d’animation soient les plus adéquats à leur mission. La Curie romaine doit s’adapter au mieux au service de la primauté. Les Églises particulières doivent assurer une meilleure synergie de leurs forces. Mais ce n’est pas à transformer les structures intermédiaires de façon trop rigide qu’on renforcera forcément la décentralisation. L’expérience a montré qu’une bureaucratie excessive pouvait paralyser les énergies et la créativité apostoliques dans le cadre des conférences épiscopales, avec le fléau de l’auto-reproduction des appareils. C’était le cri d’alarme du père de Lubac dans les années d’après-concile. Contre ce type d’excès, il y a sans doute des formules heureuses de coopération entre l’autorité romaine et le collège épiscopal qu’une réflexion commune favorisera. Sous le regard d’un pape libre des idéologies et des constructions arbitraires.