Il vint le voir de nuit, furtivement. De quoi parlèrent-ils ? On n’en sait rien. Seule la fin du dialogue est rapportée1.
Pourquoi de nuit ? Avait-il peur ? Oui, dans un sens, et pourtant, nous dit-on, c’était quelqu’un, l’un des chefs du parti dominant. Hellénisé, mais fier d’appartenir au peuple provisoirement vaincu, comme l’indique son nom : Nicodème, « Peuple vainqueur ».
Alors, peur de quoi ? De se tromper, d’être un gogo. Il était pris de vertige à l’idée de changer son âme de juif hellénisé, la sorte d’âme la plus critique et raisonneuse qui exista jamais. Car ce qu’il avait entendu et ce qu’on lui avait rapporté paraissait insensé, et pourtant, dit-il…
…Nous le savons bien, Maître, que c’est Dieu que tu es venu nous enseigner. Les choses que tu fais seraient impossibles à qui n’aurait pas Dieu avec lui.
Quelles « choses » ? Le texte grec dit sêmeia, un mot que l’on peut traduire par « signe », « marque distinctive à quoi l’on reconnaît quelqu’un ou quelque chose » (je lis le dictionnaire), mais aussi par « preuve », par « signe d’en haut » et « prodige ». Poursuivons la lecture. Voici la réponse de Jésus :
– Bon, alors, écoute bien ce que je vais te dire : à moins de renaître d’en haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu.
– Comment ça ! dit Nicodème, renaître quand on a vieilli ? Retourner dans le ventre de sa mère et renaître ?
Et après les réponses de Jésus :
– Comment cela peut-il se faire ? demande encore Nicodème, le juif hellénisé. Car pour qu’une chose soit possible, il faut qu’on la comprenne : telle est la logique d’Athènes, de Jérusalem, d’Alexandrie où le Juif Philon vient justement, il y a quelques décennies, d’accommoder ensemble Platon et Moïse2.
Deux mille ans ont bientôt passé, tout le monde est devenu juif hellénisé, et presque tout le monde, pensant à l’enseignement de Jésus, continue de se demander : « comment cela pourrait-il être vrai ? »
L’amour du prochain et même de l’ennemi, la joue gauche, la paix universelle, l’égalité du faible et du puissant, de la femme et de l’homme bon, comme on dit maintenant, cela appartient aux acquis du christianisme.
Mais il y a aussi les acquis de la science. Et on est bien obligé comme Philon de les accommoder entr’eux.
Ces « acquis de la science » nous apprennent que les hommes n’ont jamais cessé de fabriquer des mythes et des dieux, entre autres des fils de dieux, des dieux qui meurent de façon sanglante, qui ressuscitent, qui sont enfantés par des vierges, qui apparaissent miraculeusement, qui nous promettent le salut, etc., voir les encyclopédies des religions. Le christianisme est entre ces mythes celui qui a le plus longtemps survécu (il fallait bien qu’il y en eût un), mais, maintenant, avec tout ce qu’on sait, il est temps de le toiletter de ses fables et de le réduire à la raison.
Voilà, je crois, l’idée la plus communément répandue sur le christianisme, son Église, ses dogmes et sa tradition. Dieu me pardonne, il me semble même parfois que c’est ce qu’on me prêche3. La question de Nicodème reste donc posée sous une forme à peine différente : y a-t-il lieu sinon de réduire l’une à l’autre, du moins de concilier la foi et la raison ?
Remarquons d’abord que pour Nicodème (ou, puisque nous ne savons rien d’autre de lui : pour Philon), les acquis de la science, c’était Platon. Ou comme dit Voltaire, « les fables de Platon »4. Le grec hellénisé du 1er siècle, s’il était allé un peu à l’école (grecque), connaissait même aussi les arguments des sceptiques vulgarisés depuis quatre siècles dans d’innombrables petits livres que l’on peut encore trouver dans leur forme authentique en lisant Cicéron, Diogène Laërce et surtout Sextus Empiricus. On n’a jamais affûté plus décapant que ces redoutables arguments. Rien n’y résiste, même pas – surtout pas – Platon.
Exemple, pour miner toute certitude : « On ne peut pas connaître le point de vue le plus subtil ; en effet, à supposer même que l’on connaisse le plus subtil à ce jour, comment pourrait-on savoir qu’un plus subtil ne viendra pas demain le contredire ? » (Sextus Empiricus)5.
Comment le savoir en effet ? Pas de réponse possible. L’« acquis » le plus solide apporté depuis par la science est l’article de foi n° 1 de tout scientifique : la croyance au progrès de la connaissance ; on ne cessera jamais de découvrir des points de vue plus subtils.
Pour accorder la foi à la science, il faudrait donc d’abord connaître le dernier mot de la science, et il n’y a pas de dernier mot de la science. Il y a même là-dessus l’un des plus fameux théorèmes découverts au 20e siècle6.
Oui, mais de ce qu’on ne connaît pas ce dernier mot, il ne s’ensuit pas la vérité de ce qui contredit la science actuelle. Certes ! Loin de moi ce sophisme ! Attendons cependant, pour aller plus loin, que l’on produise un dogme, ou quoi que ce soit concernant la religion, qui contredise la science, actuelle ou non. La meilleure illustration de l’impossibilité de produire une telle contradiction est le récit de la Genèse. Si l’on a la foi, ce que l’on cherche dans ce récit (et ce qu’on y trouve), c’est une explication du mystère de l’homme et de sa destinée.
Ce mystère de l’homme ne saurait se trouver ni dans l’anthropologie, ni dans la paléontologie, etc., qui, étant des sciences, ont pour objet de n’examiner aucun mystère, de ne procéder jamais vers l’inconnu qu’à partir du connu, de ne jamais prendre en considération ce qui serait par définition unique, singulier – c’est-à-dire ce qui vous tient et me tient le plus à cœur : vous, être unique, et moi, également unique7. « Il n’y a de science que du général » (Aristote, déjà). Mais moi, devant ma mort que je devrai affronter seul, qu’ai-je à faire du général ? Et devant l’histoire de ma vie que je suis seul à vivre ?
En lisant la Genèse et en la prenant littéralement, je comprends ma destinée. Mais seulement si je la prends à la lettre, comme une explication de ma solitude et de ma singularité, une explication faite pour moi. Je commence à m’égarer dans le livre saint dès que j’y cherche ce qui en lui n’est pas d’essence religieuse, et si je m’imagine pouvoir, en réfléchissant légèrement sur son récit comme sur un récit quelconque, m’épargner la peine de chercher ce qui est d’ordre scientifique par des raccourcis moins fatigants que la science.
La Genèse n’a été donnée aux hommes ni pour leur apprendre la distance de la lune, ni pour révéler si c’est Einstein ou Bohr qui a raison. Pour espérer savoir cela, il faut un autre chemin, ouvert seulement à quelques-uns. Alors que la Genèse est le secours de « tout homme venant en ce monde » et le restera quand Bohr et Einstein seront aussi lointains que Platon.
Mais la Résurrection est un fait présenté comme concret, réel ? Vraiment, vous croyez cela ?
Bien entendu, j’y crois, mais ne me demandez pas ce que c’est ! Je crois à quelque chose que je ne comprends pas plus que ceux qui n’y croient pas, mais qui m’assure que je suis plus que mon bref passage en ce monde. Sur la nature de cet événement, je suis aussi ignorant que Nicodème, devenu l’un des premiers saints du christianisme8.
Rien de tout cela ne dit pourquoi vous choisissez le christianisme plutôt que n’importe quel autre des 3 283 mythes (ou plus) recensés par les encyclopédies, ni même pourquoi vous en choisissez un, plutôt que la sage ignorance.
Rien en effet, car on ne choisit pas, on est choisi. On est choisi, mais il y a dans la foi qui m’a choisi l’assurance que tout le monde est ou sera choisi : « tout homme venant en ce monde »[[Cette réponse d’Aimé Michel à la judicieuse question qu’il pose « pourquoi choisir un mythe, plutôt que la sage ignorance » est un écho à la parole du Christ rapportée par Jean (chap. 15, v. 16) : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; non, c’est moi qui vous ai choisis (…) ».
Toutefois, une réponse complémentaire est offerte par C.S. Lewis : « (…) je ne pourrais pas être chrétien, écrit ce célèbre auteur, si j’étais forcé de croire que sur les mille religions du monde, neuf cent quatre-vingt-dix-neuf sont absurdes et la millième (par bonheur) vraie. J’ai dû en bonne partie ma conversion au fait de reconnaître dans le christianisme l’accomplissement, l’actualisation, l’entéléchie d’une réalité qui n’a jamais été absente de l’esprit humain » (Religion Without Dogma ?, 1946, cité par Irène Fernandez, Dieu avec esprit – Réponse à Michel Onfray, Philippe Rey, 2005, p. 154).
Sur C.S. Lewis voir la note 3 de la chronique n° 24, http://www.france-catholique.fr/LA-QUARANTAINE-DES-DIEUX.html|]
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 5 septembre 2016
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 5 septembre 2016
- Uniquement dans l’évangile de Jean, chapitre 3, versets 1-31. Nicodème était du parti des Pharisiens (voir Jean, 7, 50), peut-être membre du Sanhédrin. Il aida Joseph d’Arimathie à mettre Jésus au tombeau (Jean, 19, 39).
- Philon est né vers 20 avant J.-C. à Alexandrie, capitale de l’Égypte gréco-romaine, une des plus grandes et belles villes de l’époque, dans une famille juive aristocratique et fortunée. C’est donc un contemporain du Christ mais il ne l’a pas connu, ni lui, ni ses disciples. Ce notable de la communauté israélite d’Alexandrie (il est chef d’une mission auprès de Caligula sur la question des effigies impériales dans les synagogues), de double culture, juive et grecque, « éduqué à l’école platonicienne, ouvert au pythagorisme et au stoïcisme dans leur expression récente » comme le résume André Paul (voir référence ci-dessous), il laisse à sa mort, vers 45-50, une œuvre considérable écrite en grec dont une grande part est parvenue jusqu’à nous ; il en existe une traduction française publiée à partir de 1961 par les éditions du Cerf sous le titre Les Œuvres de Philon d’Alexandrie. La plus grande partie de cette œuvre est une exégèse de la Loi de Moïse. Son ambition est de rendre la pensée religieuse juive assimilable par un Grec éduqué. Pour Philon, Moïse, l’homme « le plus sage » de l’histoire, plus sage qu’Homère et Platon, parle au nom de Dieu, non seulement à sa nation, mais à tous les hommes et Israël est un guide pour tous les peuples : comme le remarque Annie Jaubert, professeur à l’Institut d’études sémitiques, « on peut trouver chez lui – avant le christianisme – une définition du “véritable Israëlˮ : ce sont les hommes qui, en suivant de tout leur cœur les enseignements de Moïse, sont sur la route de la sagesse et de la vertu (…), ils sont les guides et la lumière des peuples (…). » (Article Philon d’Alexandrie de l’Encyclopædia Universalis). Pour pénétrer les secrets de la Torah il en propose une interprétation symbolique et surtout allégorique : les personnages et les évènements de la Bible symbolisent des passions ou des vertus, ainsi Abraham symbolise la foi et l’Exode, la libération de l’âme. Cette œuvre exercera une grande influence sur les Pères de l’Église, notamment Clément et Origène. « Quand on parle des racines judaïques du système doctrinal chrétien, soutient l’exégète André Paul, c’est vers cette figure insigne qu’il faut se tourner. Son œuvre intéressa beaucoup les auteurs ecclésiastiques de langue grecque, à commencer par Clément d’Alexandrie auquel elle était familière. Au demeurant, c’est aux intellectuels chrétiens des premiers siècles qu’elle doit son salut. Le judaïsme classique, dit rabbinique, se construira sans elle. » (André Paul, Éros enchaîné. Les chrétiens, la famille et le genre, Albin Michel, Paris, 2014, p. 16).
- Même remarque « anticléricale » chez Jean Fourastié : « Je suis très peiné lorsque je soupçonne une certaine élimination de ce mystère fondamental pour n’insister que sur ce qu’on sait et plus exactement sur ce que tel curé croit savoir. Je pense qu’une religion doit avoir le courage de reconnaître son ignorance sur beaucoup de choses. L’ignorance, l’erreur, l’incompréhensible, le mystère, sont des traits majeurs de la condition humaine, et il est à la fois dérisoire et fallacieux, de la part de pasteurs, de prétendre les éliminer au bénéfice d’affirmations claires mais aventureuses, partiales ou fausses. » (in Jean Fourastié et René Laurentin : L’Église a-t-elle trahi ?, Beauchesne, Paris, 1974, p. 34).
- Cette allusion de Voltaire aux « fables de Platon » se trouvent dans l’article Chaîne des êtres créés de son Dictionnaire philosophique : « La première fois que je lus Platon, et que je vis cette gradation d’êtres qui s’élèvent depuis le plus léger atome jusqu’à l’Être suprême, cette échelle me frappa d’admiration; mais, l’ayant regardée attentivement, ce grand fantôme s’évanouit, comme autrefois toutes les apparitions s’enfuyaient le matin au chant du coq. (…) Ô Platon tant admiré ! vous n’avez conté que des fables (…). » (Garnier-Flammarion n° 32, 1964, p. 107-108).
- Sextus Empiricus est un philosophe grec qui vécut plus d’un siècle après Philon, dans la seconde moitié du IIe siècle et au début du IIIe, mais l’école sceptique était bien plus ancienne. Bien qu’il n’ait été question de lui jusqu’ici qu’à propos de la fameuse formule de Protagoras « L’homme est la mesure de toute chose » (voir ma note 5 de la chronique n° 78, L’ascèse au laboratoire, 02.05.2011), Aimé Michel s’y réfère souvent. J’en parlerai une autre fois.
- Sur le théorème de Gödel voir la chronique n° 160, La science et le mystère – Rousseau, Gödel et Saint Vincent de Paul, 18.07.2011.
- Sur le caractère unique de chaque être humain, voir les chroniques n° 324, De la jungle à l’amour – L’apparition de l’homme annonce la défaite finale de la loi de la jungle (10.02.2014), n° 392, « Plus intérieur que mon plus intime » – Les vérités les plus simples sont les mieux cachées (30.05.2016, où on trouvera une estimation du nombre d’hommes différents possible) et n° 493, Si le loup protège l’agneau (à paraître).
- L’idée que « maintenant, avec tout ce qu’on sait, il est temps de toiletter le christianisme de ses fables et de le réduire à la raison » ne s’est sans doute jamais mieux portée qu’aujourd’hui. Un bel exemple de cette attitude est offert par Christian de Duve dans le dernier chapitre « Et Dieu dans tout cela ? » de son livre À l’écoute du vivant, Odile Jacob, Paris (2002). Cet éminent biologiste, lauréat du prix Nobel pour ses travaux sur la cellule, récemment disparu, estime que les enseignements de la science non seulement contredisent une tradition millénaire sur la nature de la vie, son origine et son évolution, mais encore ouvrent une faille « pratiquement infranchissable » (p. 343) entre science et religion sur l’origine de l’humanité, le lien entre la pensée et le cerveau, la survie après la mort et la possibilité d’existence des extraterrestres. Ces thèmes deviennent ainsi autant d’arguments contre le christianisme alors qu’ils étaient chez Aimé Michel qui le précéda d’un demi-siècle sur ce terrain, une occasion de le mieux comprendre. Cette opposition est d’autant plus significative que les idées de Christian de Duve sont proches de celles d’Aimé Michel sur certains points importants comme l’accroissement de la complexité au cours de l’évolution (p. 218 de À l’écoute du vivant, op. cit.), l’inévitabilité du niveau humain, le caractère temporaire de notre situation au sommet de l’arbre de la vie (p. 224), le dépassement prévisible du stade humain (p. 312) et la banalité de la vie dans l’univers (p. 329), tous thèmes qu’Aimé Michel a développé dans d’innombrables articles et avec lesquels ses lecteurs sont familiers. Sur les extraterrestres, C. de Duve s’interroge : « De tels êtres sont-ils souillés par la tache originelle et doivent-ils être sauvés par un Rédempteur ? Ou bien seuls les terriens ont-ils connu la Chute ? Dans les discussions auxquelles j’ai assisté, cette question semble particulièrement inquiéter les ecclésiastiques, au point que la plupart préfèrent l’évacuer en se rattachant, jusqu’à preuve du contraire, à l’hypothèse de la singularité de l’espèce humaine. La possibilité que celle-ci ne soit pas un aboutissement, mais seulement un chaînon intermédiaire de l’évolution dérange également. » (Oui, certes, tous les hommes, scientifiques y compris, et pas seulement les ecclésiastiques, éprouvent de la difficulté à penser l’univers tel qu’il est). Pour souligner « [l]’embarras des théologiens devant ce problème originel » l’auteur cite le jésuite George Coyne, un éminent astronome américain, selon lequel « au tout début, les êtres humains ont fait quelque chose de mal » et « se sont révoltés contre le Dieu qui les a faits ». C. de Duve estime que Coyne « traite, pour la majeure partie sous la forme d’interrogations auxquelles il ne fournit aucune réponse satisfaisante » deux des problèmes soulevés, à savoir le caractère unique de l’humanité dans le contexte de son origine évolutive et l’existence d’extraterrestres en rapport avec le péché originel. « Rien n’est dit, notamment, de la manière dont la révolte supposée pourrait s’inscrire dans l’histoire de l’humanité telle qu’elle est retracée par la paléoanthropologie ». Il conclut : « Les faits parlent d’eux-mêmes : plusieurs enseignements de la religion sont inconciliables avec les découvertes de la biologie moderne. » (op. cit., p. 344). Les phrases soulignées (les deux premières par moi, la troisième par l’auteur) montrent que C. de Duve cherche des réponses scientifiques à des questions religieuses. On comprend sa déception. Il aurait d’ailleurs pu renforcer sa démonstration en traitant de la Résurrection et autres miracles, également « inconciliables ». Pourtant Christian de Duve est bien loin d’être hostile aux religions. Il résume ainsi sa position à la fin du livre : « les religions ne doivent pas être abandonnées (…) afin de nous aider à contempler le mystère, respecter des préceptes éthiques, célébrer nos fêtes, partager nos joies et nos tristesses, supporter nos épreuves ». Mais elles doivent se débarrasser de leurs « accessoires » mythiques, irrationnels, obscurantistes, magiques, tels ces « lois venant directement de Dieu et promulguées par lui à son peuple par la voix des prophètes », mythes « aujourd’hui périmés » (p. 360). Ainsi serait réalisé le projet de ce qu’Aimé Michel appelle une « vraie religion moderne, style nouille » (chronique n° 298, La Bible confrontée aux affirmations de la science, 05.04.2009) digne fille soumise à la science de son temps. Encore une fois, la position défendue par Aimé Michel est très simple : elle repose d’une part sur une distinction soigneuse de ce qui relève de la science et ce qui n’en relève pas (l’intimité de la conscience) et d’autre part sur une proclamation d’ignorance. Comme il l’écrit dans cette même chronique n° 298 : « Il ne s’agit que de savoir si l’on accepte le principe d’une révélation nous parvenant de l’infini : tout est là. Si on accepte ce principe, alors, qu’on se demande si une telle révélation peut prendre une autre forme que celle d’une histoire, et d’une histoire pleine de mystère. Refuser le mystère, c’est dire que l’infini avant de se manifester dans notre obscure et brève histoire, eût dû demander d’abord prudemment de se faire assister par un comité de l’Académie des Sciences, pour s’épargner la rigolade critique de nos “savantsˮ. Quels savants, à propos ? ceux de 1977 ? ou ceux de l’an 10 000, qui feront une infinité de choses bien plus absurdes encore que ce qu’on lit dans la Bible, ou que l’eût été l’explosion d’Hiroshima sous les yeux de Henri Poincaré, lequel avait, comme on sait, mathématiquement établi l’éternelle stabilité de l’atome ? » Pour une application de ces idées aux objections soulevées par C. de Duve, on pourra consulter entre autres les chroniques n° 293, L’homme-caillou – Une Révélation ne peut pas être de nature scientifique (14.10.2013, sur le péché originel), n° 99, Le futur antérieur – Sur la pluralité des mondes, l’Incarnation et un « homme du futur » tôt disparu (31.10.2011), ou plus récemment n° 296, L’espace silencieux – Les questions que pose l’absence de visiteurs extraterrestres (14.03.2016).