De retour d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, le sénateur de Vendée, Bruno Retailleau, a dressé un tableau terrible de la situation qu’il a pu observer sur place. Invité par les patriarches chrétiens de la ville et par une organisation non gouvernementale, il est le premier parlementaire français à s’être rendu compte directement de la terrible catastrophe humanitaire. Celle-ci, a-t-il déclaré, dépasse l’entendement : « L’eau croupit, les gens dorment dans des tentes de fortune, ou entassés dans les églises, les médicaments se font rares, et une tente, divisée en cinq boxes, tient lieu d’hôpital pour les malades et les blessés. » 600 000 déplacés, pour la plupart chrétiens, mais pas exclusivement, sont abandonnés dans des conditions inhumaines.
On sait que cette catastrophe est la conséquence de la fondation et de l’expansion d’un État islamique. Celui-ci se réclame de l’ancien califat de Bagdad et prétend diriger l’ensemble de la communauté musulmane de la région, avec la perspective proclamée d’une domination de la planète entière. Il domine, d’ores et déjà, un tiers de la Syrie et de l’Irak avec des troupes qui usent de tous les moyens d’une stratégie de la terreur. Le sénateur Retailleau parle de décapitations, d’éventration de femmes enceintes. Tout est fait pour épouvanter l’ennemi et le dissuader de toute résistance (Figarovox, 26 août). Les Américains qui sont largement responsables de cette évolution de l’Irak avouent leur impuissance. Le président Obama s’est même risqué à un terrible aveu : les États-Unis n’ont pour le moment aucune stratégie pour contrer l’État islamique. Leur seule riposte consiste dans des frappes aériennes, dont les effets sont limités. La concertation internationale n’a pas abouti non plus à des résultats marquants.
On sait que l’Église de France a tenu à manifester sa solidarité concrète avec nos frères persécutés. Le cardinal Philippe Barbarin, Mgr Michel Dubost et Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, se sont rendus à l’invitation du Patriarche chaldéen, Mgr Sako, dès la fin du mois de juillet. Le pape François est intervenu pour marquer vigoureusement son appui aux chrétiens et aux populations souffrantes. Face à la violence et aux risques de développement de l’entreprise islamiste, il n’a pas craint de justifier moralement l’emploi de la force armée pour « arrêter » au plus vite ce qu’il a qualifié « d’injuste agresseur ». On a remarqué que, de la part de la papauté, il s’agit d’un véritable tournant. Jusqu’alors les prédécesseurs de François, singulièrement Jean-Paul II, lors des deux guerres d’Irak, s’étaient opposés au conflit armé. Dans le cas présent, l’extrême urgence du péril, l’horreur présente des exactions, imposent de revenir aux principes de la guerre juste, puisqu’il s’agit de secourir le prochain en danger de mort.