Surpris par votre critique bienveillante du film « Indigènes », je demande au général François Meyer de vous adresser le jugement nuancé, qu’il a publié sur ce film.
Il est vrai que le courage et l’engagement de ces soldats sont réels, et bien représentés, mais je relève pour ma part les erreurs et omissions historiques suivantes :
– l’absence des soldats européens, comme si c’était les indigènes seuls qui avaient libéré la France, suivant la thèse raciste de la « chair à canon »,
– la scène où le général Juin et un colonel observent à la jumelle les tirailleurs en train de se faire massacrer sur la montagne. Or le dit colonel (Roux) a été tué au milieu de ses troupes lors de cet assaut (du Belvédère),
– la scène ridicule où l’on refuse des tomates aux indigènes (l’antimilitarisme n’est pas loin),
– la situation tactique irréaliste d’une section de tirailleurs, isolée sans ses cadres dans la forêt vosgienne.
Le film a eu pour résultat de rétablir les retraités indigènes dans leurs droits, revendication que les associations d’anciens combattants réclamaient depuis 40 ans.
Bouchared, à qui l’on a donné la Légion d’Honneur, prépare un film sur le 8 mai 1945 et le 1er novembre 1954, qui risque d’être encore moins objectif que celui-là.
Croyez à mes sentiments dévoués.
Maurice FAIVRE