Il n’y a pas si longtemps, on disait de l’épouse autoritaire régnant sur son ménage : « elle porte la culotte ». En fait de culotte, l’expression ciblait le pantalon que les femmes n’imaginaient pas enfiler avant de le conquérir de haute lutte. C’est progressivement que la mystérieuse superposition de jupes et de jupons qui a longtemps enveloppé dames et demoiselles a disparu.
Ces fameux jupons que nombre de grands-mères revêtaient encore à la fin du dernier millénaire sont immortalisés par Frou frou. Célèbre chanson, cette valse légère date de 1897. Mais les personnes âgées de la fin du vingtième siècle, hommes et femmes en chœur, l’entonnaient encore gaiement sur demande.
Les paroles de Frou frou expliquent en substance que la spécificité vaporeuse des vêtements féminins contribue à la séduction des femmes, et qu’elles auraient tort de s’en priver.
Pareille idée fait grimacer les théoriciens du genre qui voient dans toute distinction homme-femme le signe de l’exploitation du sexe qu’on prétend faible par les mâles, dominateurs et violents. En fait, leur théorie déteste le féminin (ou la féminité) autant que le masculin (et la virilité).
Or, voici que ce masculin est attaqué sur un autre front. Un article du supplément Homme automne hiver 2011 du quotidien Le Monde daté du 15 septembre titre : « Les hommes tiennent à leur pantalon ». Joël Morio semble s’en désoler. Il liste les tentatives des créateurs déjantés pour habiller les hommes en femmes. Jean-Paul Gaultier ou Kenzo s’escriment à refourguer aux mâles des robes ou des jupes donc, mais aussi des « pantalons-jupes », histoire de ne pas les brusquer, des pulls tombant « sous le genou » où encore tuniques, djellabas ou sarouels, pour leur faire passer la pilule via la mode ethnique.
La ténacité créative frappe. Sans grand succès. Les Écossais et leurs traditionnels kilts sans rien dessous restent bien seuls en Occident. On ne voit guère, sauf donc à la veille d’un France-Écosse de rugby, les courants d’air dans les rues faire flotter des jupes masculines. Indices que le vent pourrait tourner selon Le Monde, les mâles consommeraient de plus en plus de produits de beauté et s’épileraient un peu partout. De là à annoncer « l’égalité vestimentaire »… Il faudrait que les hommes acceptent, grâce à la jupe nous dit-on, de « devenir un objet sexuel ». Il faudrait qu’ils passent à la « transgression ». Problèmes : « le port d’une jupe par un homme est très souvent associé à l’homosexualité », note une historienne de la mode tandis que Joël Morio ose affirmer que c’est « par sexisme » que « les hommes répugneraient aussi à porter la robe » ! L’accusation est culottée. Elle confirme qu’une partie du monde de la mode, avec ses mannequins androgynes, censés entretenir trouble et confusion, est vérolée par le Gender.
Pour le moment, qu’il garde ou non ses poils aux pattes, le passant vêtu d’un tailleur risque la dérision, et sera considéré comme travesti. à l’image de ce pauvre petit Anglais qui a obtenu, à l’âge de 10 ans, d’arriver habillé en fille à l’école. Son déguisement est l’issue de huit années de douloureux troubles de l’identité. « Il » se fait même appeler « elle » par sa mère, se prétend fille et réclame des poupées. Il embrasse donc les stéréotypes féminins honnis par la théorie du genre. Étrange et rarissime cas qui ne prouve donc en rien l’indifférenciation sexuelle. Au contraire.
Finalement, dans la société occidentale, malgré la mode « unisexe » et les coutumes légitimes de communautés issues de l’immigration, la distinction de comportement vestimentaire entre homme et femme reste flagrante. On peut s’en réjouir. Un barbu en jupe longue croisé dans le métro parisien fait figure d’hurluberlu. Pas sûr qu’il tienne longtemps au bureau. C’est le désespoir de l’association Hommes en jupe née pour protester contre le « sexisme » vestimentaire dont seraient « victimes les hommes ».
Plus défendable est la « journée de la jupe », lancée par des femmes, cette fois, qui doivent se battre pour se faire respecter des hommes, lorsqu’elles portent des tenues féminines, notamment à l’école. Le droit qu’elles défendent, ne pas porter de pantalon, sonne comme un retour aux sources de la féminité. Alors qu’en Angleterre on parle d’interdire cette satanée jupe au collège pour éviter les problèmes avec les garçons !
Une chose reste certaine : en matière de robe, le christianisme est inattaquable. Religieux en habits et même prêtres en soutane assument crânement la transgression.