Europe et christianisme - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Europe et christianisme

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La visite du pape François aux instances européennes de Strasbourg est l’occasion de remettre en perspective le destin de notre continent en lien avec son histoire pétrie de christianisme. On sait que la simple mention de cette relation fondatrice fait difficulté, eu égard à une certaine culture contemporaine qui préfère pratiquer l’amnésie au prétexte d’une définition purement juridique des institutions de l’Union européenne. Souvent il s’agit là d’un prétexte qui masque la défiance ou le rejet du contenu explicite d’un héritage. De ce point de vue, nous sommes contraints de mesurer la distance qui nous sépare de la période d’après-guerre, où les personnalités qui préconisaient une union des peuples européens était souvent des catholiques affirmés : Robert Schuman en France, Alcide de Gasperi en Italie ou Konrad Adenauer en Allemagne… Lorsqu’on songe qu’une démarche de béatification est en cours pour les deux premiers, on comprend comment nous avons changé d’époque, et que cela n’est pas sans conséquence aujourd’hui si l’on veut exercer un discernement sur une réalité institutionnelle qui est très loin des conceptions de certains de ses pères fondateurs.

C’est aussi que le monde s’est transformé et qu’à l’heure de la mondialisation libérale, les paramètres ne sont plus les mêmes. Schuman, Gasperi et Adenauer ne se reconnaîtraient plus dans l’esprit qui domine les institutions de Bruxelles et de Strasbourg et seraient en opposition directe avec la morale procédurale de type individualiste qui y est dominante et se dresse frontalement contre les convictions chrétiennes. Comment oublier qu’en 2004, Rocco Buttiglione avait été violemment récusé en tant que commissaire européen, en raison de sa qualité de politique chrétien, par ailleurs proche de Jean-Paul II ? Ce militant formé à l’école de Communion et libération ne convenait pas aux cadres idéologiques de la nouvelle Europe.

Précisément, le rappel du saint pape polonais nous renvoie à une autre étape de l’histoire européenne, celle où les nations sous le joug de la dictature soviétique rejoignirent les nations de l’Ouest du continent. Elles ont depuis lors intégré l’Union européenne, mais un autre défi est apparu aux marches de l’Est, avec le conflit ukrainien et la difficulté d’établir des relations pacifiées avec la Russie. La défiance populaire qui a grandi ces dernières années à l’égard de l’Europe bruxelloise est à mettre en rapport avec la réorientation d’un projet qui s’est éloigné des intentions initiales. La cause de la réconciliation des peuples européens ne saurait être délaissée. Mais une redéfinition des missions de l’Europe s’impose, qui n’ignore pas le contenu de l’héritage et invente les formules nouvelles d’une vocation civilisationnelle dans un monde en recomposition.