Le rassemblement national étudiant qui vient de se tenir à Grenoble sous l’enseigne d’Ecclésia Campus devrait retenir l’attention de tous ceux qui sont impliqués dans une même mission d’évangélisation. L’expérience passée montre que c’est à cette période de la vie que se prennent souvent les grandes décisions, tandis que la foi personnelle mûrit en préparant les engagements les plus solides. C’était la conviction de notre grand ami, l’historien Yves-Marie Hilaire qui vient de nous quitter et qui avait vécu, juste après guerre, les grandes heures du Centre Richelieu fondé par l’abbé Maxime Charles. Des générations entières se sont ainsi formées grâce à un approfondissement intellectuel et une pratique assidue de la prière. Certes, le cours des temps modifie les mentalités au gré des transformations de la culture. Il y a eu bien des crises et des reprises dans les aumôneries étudiantes exposées aux oscillations de la société et à celles de la pensée. Leur vitalité a été souvent en prise directe avec leur réactivité intellectuelle et spirituelle.
Ecclésia Campus de Grenoble, qui suivait de trois ans un premier rassemblement réussi à Rennes, s’inscrit dans une nouvelle phase de développement. Sœur Nathalie Becquart, à l’origine de cette création, a voulu qu’elle constitue une occasion d’échange entre les divers réseaux qui se reconstituent, dans le cadre d’une sorte de mini-JMJ. Il s’agit tout à la fois de célébrer ensemble après avoir réfléchi à partir d’interventions de qualité mais aussi de rencontres festives, où s’éprouve la joie de la foi et de la communion dans l’espérance. Pour certains, c’est même la scène de leurs premières interventions publiques. Les participants ont souvent fait part de la chance privilégiée d’une projection dans l’avenir, qui permet de décoller de l’immédiat afin de mieux identifier les enjeux à venir et les charges à assumer. Il n’est pas sûr qu’il y ait beaucoup d’autres lieux institutionnels où l’on dispose de cette opportunité, même ceux à vocation politique enfermés dans des cadres idéologiques assez restreints. Contrairement à certains stéréotypes tenaces, c’est à l’intérieur de ce milieu ecclésial que s’éprouve le plus fortement la liberté de penser les questions fondamentales dans la perspective de susciter les vocations les plus ambitieuses. Providentiellement, avant même que les derniers événements tragiques ne viennent frapper les imaginations, les organisateurs d’Ecclésia Campus avaient retenu le thème de la confiance. Affirmer sa confiance, c’est le premier don d’une foi éclairée, fraternelle et vivante.
