Charlie : Quelle métanoïa ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Charlie : Quelle métanoïa ?

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Au lendemain du sursaut national qui a suivi les événements terribles qui nous ont endeuillés, de nombreuses questions restent posées. Le pape François a posé la première, en recevant le corps diplomatique au Vatican, lundi dernier. C’est au nom d’une certaine conception du religieux que les meurtriers des journalistes de Charlie Hebdo ont agi. Le Pape y voit la conséquence de ce qu’il appelle la culture du déchet « appliquée à Dieu ». Le fondamentalisme religieux — plus encore que rejeter les êtres humains en perpétrant des massacres horribles — refuse Dieu lui-même, le reléguant au rang de pur prétexte idéologique. Une telle mise au point s’impose, singulièrement dans le contexte actuel, pour nous autres Français, d’autant que dans la culture de Charlie Hebdo, l’aliénation religieuse est alléguée comme cause d’oppression et de fanatisme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le drame intervenu nous place dans une situation si singulière à l’égard de ceux qui ont payé de leur vie leur militantisme iconoclaste.

Sur le moment même, spontanément, je qualifiais les victimes comme « mes contraires ». Des contraires fraternels, rendus infiniment proches par un sacrifice qui nous les rendait chers. C’est vrai qu’avec eux, le désaccord était profond, déterminant et qu’il ne s’est pas éteint… De précédentes chroniques peuvent en témoigner. Non, je ne suis pas Charlie. Il m’est impossible de m’identifier avec une certaine philosophie de la vie, une esthétique de la dérision. Mais en même temps, c’est paradoxalement cette opposition frontale qui crée une proximité intérieure. L’incompatibilité des convictions produit un dialogue intime qui fait du contraire un frère à la présence insistante. Fût-il blasphémateur, son blasphème m’oblige à réinterroger le Dieu qui m’a créé à son image. En quoi suis-je responsable de la caricature qui me fait souffrir ? Il y a depuis bien longtemps déjà toute une réflexion chez les théologiens à propos de l’athéisme. Cette négation radicale n’est-elle pas une invitation à une purification non moins radicale de l’image d’un Dieu trahi par ceux qui s’en veulent les fidèles ? Mais par ailleurs, ce refus n’est pas anodin.

L’athéisme est aussi un drame à la mesure de la violence qu’il répand et qui rejaillit sur l’homme lui-même. Sans Dieu, qui est son plus profond secret, l’humanité perd la source de ce qui brille dans chaque visage et s’abandonne à la désespérance d’un non-sens universel. Pour que l’homme ne devienne pas un déchet, c’est Dieu d’abord qui doit être restitué à l’absolue gratuité de son amour.