Cathophobie politique - France Catholique
Edit Template
Noël : Dieu fait homme
Edit Template

Cathophobie politique

Les auditions des représentants des cultes à l’Assemblée nationale signent une agressivité croissante d’une partie de la majorité vis-à-vis des religions, et particulièrement de l’Église catholique.
Copier le lien

Les députés et le gou­vernement socialistes sont-ils en train de réaliser une prouesse en unissant les religions à leurs dépens ? Déjà, les milieux chrétiens avaient été enthousiasmés par l’essai argumenté que le grand rabbin de France rendait public le 18 octobre 2012 : Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : ce que l’on oublie souvent de dire. Le document avait frappé par la précision et la pertinence de son argumentation. Le mardi 27 novembre, au sortir de l’audition très attendue des représentants des religions, c’est ce même dignitaire, Gilles Bernheim, qui faisait part de son indignation devant la charge jugée « très violente » du député du Calvados Alain Tourret contre le cardinal André Vingt-Trois. L’élu radical de gauche avait osé commencer en assénant son étrange définition des religions : « Globalement, vous êtes des lobbies. » Il s’expliquait aussitôt : « Toutes les Églises en réalité se sont appuyées sur la cellule familiale pour asseoir leur pouvoir sur la société. » Le député se targue alors d’une expertise en droit canon pour constater que l’institution du ma­riage a échappé à l’Église catholique en 1792, avec la naissance du mariage civil. Selon Alain Tourret, l’Église « s’est trompée à chaque fois » sur les questions de société, et la fracture qui la sépare désormais de l’opinion est « totale ». Prenant à parti chacun des représentants religieux présents — à l’exception d’une dignitaire bouddhiste aux propos alambiqués — Alain Tourret entend leur rappeler tour à tour, que chaque « religion » a été victime d’« exclusion » par l’Église catholique. Après avoir déploré implicitement l’élection de Benoît XVI plutôt que celle du cardinal archevêque de Milan, l’élu adresse finalement au cardinal Vingt-Trois une diatribe en forme de défi : « Vous lancez vos troupes ; vous lancez vos évêques ; vous allez lancer vos catholiques s’il en reste ; (…) Allez-vous encourager les manifestations dans la rue comme au moment de l’école libre ? »

La réponse du cardinal de Paris reste sur le fond. « Dans ce débat, il y a un grand absent qui est la signification symbolique du mariage », souligne l’archevêque dans sa conclusion. Puis il défend le « lieu de référence » qu’est la « cellule familiale » : « Si elle est dissoute dans sa forme, il n’y a plus de repère. » Et de déplorer l’effacement des « références symboliques hétérosexuelles » induit par un projet de loi qui fait « abs­traction de la différence sexuelle ». Fidèle à son style bonhomme, le président de la conférence épiscopale française fait alors mine de « s’étonner quand même de l’attrait tellement violent pour une institution dont on dit qu’elle est en train de disparaître. Pourquoi tout le monde veut monter sur un bateau qui est en train de couler ? »
Au sortir de la rude audition, il trouvera le moyen de plaisanter, en répondant à une journaliste qui lui demande s’il a le sentiment d’avoir été entendu : « Oui, la sono était très bonne ! » Une façon de dédramatiser les incidents. Certes, dans ses rapports avec le politique, l’Église en a vu d’autres. Mgr Vingt-Trois précisera en substance sur Radio Notre-Dame qu’il n’est pas venu à cette audition pour en découdre avec un député, peut-être en difficulté avec sa propre histoire. La séance a au moins permis de mesurer d’une part la grande unité de pensée des religions sur le mariage, alors même qu’elles n’ont aucune intention de se constituer en « front des religions » contre la gauche, et d’autre part l’agressivité croissante de la majorité actuelle contre le christianisme, dont elle a visiblement négligé la capacité à agir pour défendre le bien commun, indépendamment des questions confessionnelles.

Autre signe de tension le 3 décembre 2012, quand la ministre du Logement Cécile Duflot rend public, avant que son destinataire ne la reçoive, une lettre où elle envisage de réquisitionner des locaux vacants de l’archevêché de Paris pour lutter contre le mal-logement.

Réaction de Mgr Michel Dubost sur RTL : « Il ne faudrait pas que ce qu’elle fait apparaisse comme une réponse à ce que le Cardinal a dit dans d’autres domaines, en particulier sur le mariage pour tous. » L’indélicatesse ministérielle ressemble ef­fectivement étrangement à une menace si ce n’est à une mesure de rétorsion.