À l'écoute des évêques. - France Catholique
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Marie, secours des chrétiens
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À l’écoute des évêques.

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Les évêques ont été soumis à un feu nourri ces dernières années, ce qui se comprend. Certes, il y a eu les horribles affaires de prêtres pédophiles, mais ce n’est pas tout, et de temps en temps un évêque fait la « une » des journaux pour un grave manque de jugement ou une lourde faute morale. Et, comme le disait le Seigneur, quand le berger est frappé, le troupeau se disperse.

Il n’y a, hélas, rien de nouveau là-dedans. St. Jean Chrisostome constatait les mêmes problèmes voici quinze siècles; tout comme Moïse subissait l’amère sanction pour la faute qui avait touché tout le peuple. Chrisostome relève que l’évêque, guide spirituel officiel, ne peut commettre le péché à l’insu des autres. L’étendue de la fonction épiscopale et la lourde responsabilité de pasteur des âmes font dire à ce saint « je ne crois pas que beaucoup d’évêques seront sauvés, mais que beaucoup périront.»

Les évêques, appelés à exercer la plus exaltante fonction publique dans l’Église, ne sont que des hommes avec les mêmes faiblesses que ceux qu’ils sont chargés d’enseigner, sanctifier, et diriger. Ils commettent des péchés et des erreurs. Et pourtant ils ont pour tâche de nous guider spirituellement et moralement pour que nous vivions selon la volonté de Dieu. Et notre tâche consiste à leur obéir avec foi, humilité et bonne volonté.

Des réserves peuvent aussitôt être formulées. Selon les cyniques et les sceptiques, certains évêques ne sont guère mieux que des hypocrites qui nous disent comment agir sans se soumettre au même code moral, et les laïques sont des marionnettes sans âme tout juste bonnes à prier, payer et obéir. Chez les croyants, le style, la personnalité, ou les décisions de leur évêque peuvent suffire à causer dédain, avarice, critiques ou même contradiction.

Les joyeuses exhortations à la gentillesse et à l’entente n’ont guère tenu compte des tensions entre bien des évêques et leurs fidèles au cours des siècles. Dans la même homélie, Chrisostome rappelle que « les évêques sont assaillis de milliers de plaintes de toutes parts. Nul n’a peur de les accuser, d’en médire …. L’âme d’un évêque est pour le monde entier pareille à un navire pris dans la tempête; elle subit des assauts de tous côtés, de ses amis, de ses ennemis, de son peuple comme des étrangers.»

Écouter les évêques n’a jamais été facile — et ne le sera jamais. Mais l’obéissance à nos supérieurs est inscrite dans la parole de Dieu: le commandement du Décalogue « tes père et mère honoreras …» implique la nécessaire obéissance. Et, plus proche de notre propos, la lettre aux Hébreux nous dit: « Obéissez à vos chefs et soyez-leur dociles, car ils veillent sur vos âmes, comme devant en rendre compte.» (He, 13:17).
Quels sont donc les critères d’obéissance aux évêques? Premièrement nous devons reconnaître que les évêques sont tout comme nous des pécheurs. Leur fonction les appelle à un niveau plus élevé, mais leur autorité n’efface pas les effets du péché originel. Les évêques, en succombant, causent un grave scandale, ils ont donc encore plus besoin de nos prières et de notre compassion, non de condamnation. Les médias se chargent de les fustiger plus que suffisamment.

Deuxièmement, les évêques nous enseignent et nous dirigent en vertu de l’autorité héritée des Apôtres et en tant que représentants du Christ, et non pas de leur propre personnalité. Leur enseignement en matière de foi et de morale est l’enseignement du Christ, non pas le leur, et nous devons l’écouter. Donc, «il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.» (Ac, 5:29), et, ce faisant « voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification.» (1 Th, 4:3).

Troisièmement, la plupart d’entre nous ont affaire avec l’évêque non seulement en matière de foi, mais pour des raisons terre à terre sans inspiration divine: nomination ou mutation de prêtres, refus de requête légitime, fermeture d’une église ou d’une école. Ici, l’obéissance — accompagnée de charité et de patience — est mise à rude épreuve. Cet aspect mérite deux développements.

D’une part, selon la volonté du Christ, les apôtres et leurs successeurs ont l’autorité légitime en toutes matières ecclésiales, jusqu’au plus petit problème matériel. En raison des devoirs qui nous incombent par la grande grâce de notre baptême, nous devons obéir aux décisions officielles des évêques, même si nous ne sommes pas d’accord.

D’autre part, le devoir d’obéissance n’interdit pas d’exprimer à nos évêques nos opinions, idées et réserves, en privé ou en public. Mais en raison de la dignité ecclésiale des évêques, nous devons le faire charitablement et respectueusement. Nous avons la faculté de faire appel au Saint Siège si nous pensons qu’un évêque a pris une décision contraire au droit canon. Mais nous ne devons jamais le mettre dans l’embarras ni l’insulter au cours de la procédure — ce ne serait que gêne supplémentaire pour tous les fidèles.

« Un évêque est soumis à tous, il porte la charge de tous» écrit St. Jean Chrisostome. Membres du même Corps du Christ, nous devons aider nos évêques à porter le fardeau des âmes en portant la charge de l’obéissance qui leur est due. Obéir n’a jamais été facile, et ne le sera jamais. Mais comme tout ce qui est vraiment catholique, obéir vaut bien le sacrifice.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/on-listening-to-bishops.html

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NDT: citations bibliques en français tirées de la Bible de Jérusalem.

Icône : St. Jean Chrisostome – Matthew Garrett (2007).