Au tournant d’une nouvelle année, on esquisse généralement des bilans et on projette rapidement quelques prévisions sur les enjeux à venir. En ce qui concerne l’Église catholique, comment échapper à ce réflexe, alors que l’année passée donne lieu à tant d’interrogations ? Il fallait s’attendre à ce que le pontificat du pape François se concentre sur la réforme nécessaire de l’appareil central que constitue la Curie. Benoît XVI s’était heurté à des défauts de fonctionnement, générateurs de scandales et il ne s’était pas senti la force de les surmonter. En renonçant à sa charge, il avait, en quelque sorte, remis à la Providence le soin de lui trouver un successeur apte à relever le défi. On a pu se rendre compte que son espoir n’était pas déçu avec l’avènement d’un pape d’origine sud-américaine, doué d’un fort tempérament et désireux de reprendre les choses en main.
En ce qui concerne la réforme de la Curie, on n’en est encore qu’aux premières mesures, mais leur pertinence (notamment en ce qui concerne l’organisation des finances du Saint-Siège) laisse présager d’autres changements utiles. Bien sûr, comme toute période de mutation, celle-ci génère toutes sortes d’idées plus ou moins valables, avec des évaluations théologiques parfois hasardeuses sur l’équilibre entre le Siège romain et le Collège épiscopal. Il n’est pas toujours aisé de discerner comment le charisme pétrinien peut assurer, dans les conditions actuelles, son service universel dans le concert de toutes les Églises.
Par ailleurs, le pape François a voulu mettre toute l’Église en mouvement à travers une intense réflexion pastorale sur le mariage. La tenue d’un synode extraordinaire n’a pas répondu complètement aux attentes suscitées. Mais ce n’est qu’une première étape à laquelle devrait succéder une phase de profonde interrogation partagée par l’ensemble du peuple chrétien. Justement, l’Église de France, particulièrement touchée par un sujet qui la retient depuis de longs mois, devrait être en mesure d’assurer une enquête des plus sérieuses sur l’avenir de la famille à partir du don du sacrement de mariage. Les multiples forums qui se sont constitués, les conclusions qui en sont déjà sorties, avec la publication d’ouvrages qui renouvellent souvent le regard sur des questions anthropologiques1, devraient faire remonter vers Rome une riche effervescence propre à faire surgir une pastorale vraiment adaptée et espérée par les hommes et les femmes d’aujourd’hui.
- Parmi ces ouvrages on peut signaler d’ores et déjà celui de Thibaut Collin (Divorcés-remariés, DDB), celui de Jeanne Larghero (Quand la philosophie se mêle de sexe, DDB), ou encore celui de Fabrice Hadjadj (Qu’est-ce qu’une famille ?, Salvator).