La Marche pour la vie menacée ? - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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La Marche pour la vie menacée ?

Pourra-t-on manifester demain, en France, pour dire son opposition à l’avortement ? Plusieurs associations et cercles de réflexion s’inquiètent d’une restriction de la liberté d’expression si l’IVG est « constitutionnalisée ».
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Marche pour la vie à Paris, 21 janvier 2024.

© Michel Pourny

«Les petites associations pro-vie seront balayées. Les autres devront résister mais elles seront fragilisées. Le projet du gouvernement revient à faire de la “liberté” d’avorter un droit constitutionnel », souligne Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ). Selon ce dernier, la constitutionnalisation sacralisera ce « droit », perçu dorénavant « comme un dogme, au mépris du doute et de la discussion démocratique ».

Les militants pro-vie condamnés ?

Ce constat est partagé par le collectif d’associations La Marche pour la vie : « Nous serons désormais hors-la-loi pour défendre la femme et son enfant », s’inquiète leur porte-parole, Aliette Espieux. Plus question de débattre, de critiquer l’avortement ou même d’accompagner les femmes en situation de détresse puisque, en raison de la loi, le discours pro-vie sera perçu comme une façon de s’opposer aux « valeurs » de la République. « Il est déjà de plus en plus compliqué de tenir un discours sur l’interruption volontaire de grossesse. Je sais que mes conférences ont été évoquées et présentées sous un jour fallacieux en Conseil des ministres, s’indigne Aliette Espieux. La Marche pour la vie, prévue le 7 avril à Lyon, pourra-t-elle avoir lieu ? », se demande la jeune femme de 24 ans. Déjà, la Mairie de Paris a fait fermer, le 13 février, le site Internet des Survivants, une association pro-vie.

De son côté, Grégor Puppinck juge désormais plausible que les discours des associations pro-vie soient pénalement et financièrement condamnés, comme cela se fait pour des propos jugés racistes. Il se pourrait aussi que certains journaux soient privés de subventions publiques en raison de leurs convictions. Grégor Puppinck souligne la volonté constante d’affaiblir les opposants à l’IVG au motif que le combat serait contraire aux droits de l’homme et donc illégitime dans le débat public. À Strasbourg, les députés européens du groupe Renew, auquel appartiennent les parlementaires français du groupe Renaissance, ont tout fait pour que les membres de son Centre européen pour le droit et la justice n’aient pas accès au Parlement européen.

Les associations de défense de la vie savent que le combat sera difficile. Il a commencé voilà dix ans : en 2014, le législateur a étendu le délit d’entrave à l’IVG pour lutter contre les sites Internet et les associations pro-vie accusées par les militants pro-avortement d’exercer des pressions psychologiques sur les femmes enceintes. Depuis, les personnes qui « tentent d’empêcher de pratiquer une IVG, notamment en exerçant des pressions morales et psychologiques », sont passibles de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende (art. L. 2223-2 du Code de la santé publique).

« Nous ne lâcherons rien ! »

Quelle stratégie adopter ? Les responsables du collectif d’associations La Marche pour la vie vont se réunir prochainement pour étudier la façon de continuer à porter la voix de ceux qui n’en ont pas. « Les temps sont durs mais nous ne lâcherons rien, affirme Aliette Espieux. Je ne veux pas, après ma mort, avoir à rendre compte de mon silence. J’invite les évêques à porter haut et fort notre message de vérité et à nous soutenir. L’heure est au courage. » Un courage d’autant plus nécessaire que la natalité est au plus bas depuis 1945 et le nombre d’avortements au plus haut : 234 000, en 2022.