Vœux 2025 : deux pays, deux ambiances - France Catholique
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Année sainte 2025 : la porte de l'espérance
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Vœux 2025 : deux pays, deux ambiances

Alors que 2025 s’ouvre sous d’incertains auspices, le traditionnel exercice des vœux est l’occasion de distinguer deux visions de l’exercice politique. Illustration avec Emmanuel Macron et Giorgia Meloni.
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«La politique, c’est l’affaire de stratégies collectives ou de tactiques individuelles, l’empire des “eux” ou le royaume des “je” », écrivait le philosophe Francis Wolff dans Le Monde, un mois après les attentats qui avaient frappé Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Alors que l’on commémore le 10e anniversaire de ces tragédies, cette distinction est apparue plus pertinente que jamais à l’écoute des vœux exprimés des deux côtés des Alpes. Entre la gestion de court terme et la vision de long terme, ce sont deux conceptions profondément antagonistes qui s’affrontent.

« Sans souffle ni âme »

Commençons par Emmanuel Macron qui, dans son message du 31 décembre, s’est efforcé de brasser large, présentant l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution comme le premier acquis de 2024, tout en y raccrochant le sacrifice des libérateurs de 1944 et la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Un véritable méli-mélo introductif débouchant sur un développement incertain destiné à justifier la confusion actuelle, vite estompé par des propos convenus sur la défense européenne, la recherche et l’industrie, la sécurité énergétique. Pas un mot, in fine, pour engager le combat contre la « décivilisation », ce concept que le président de la République avait emprunté à l’écrivain Renaud Camus lors d’un conseil des ministres en mai 2023, et qui appartient incontestablement au registre du politique et non de la politique politicienne. « Des vœux sans souffle ni âme », a résumé la philosophe Céline Pina dans Causeur (02/01). Emmanuel Macron peut bien se réjouir de la réussite des JO et de la réouverture de Notre-Dame, mais « c’est moins dans leur accomplissement technique que dans leur dimension spirituelle que réside le vrai message de ces deux rendez-vous », remarque Alexis Brézet dans Le Figaro (02/01), en insistant sur le nécessaire « attachement charnel et viscéral d’un peuple à son histoire, ses racines, son âme ». Le chef de l’État n’en a rien dit.

Du souffle et de l’âme, il y en avait, en revanche, dans le message très simple de Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, qui s’est, elle, exprimée le 24 décembre, à la veille de Noël. Sur le fond, le propos était simple : des paroles d’hommage aux Italiens travaillant durant la nuit de la Nativité, et des paroles de réconfort pour les personnes seules et isolées. Sur la forme, en revanche, le message était fort puisque celle qui, au début du mois de décembre, a été élue « personnalité politique la plus puissante d’Europe » par l’hebdomadaire bruxellois Politico, a choisi de s’exprimer devant des sapins décorés… et une crèche de Noël, non sans citer Flaubert au passage : « Un cœur est une richesse qui ne se vend pas, qui ne s’achète, mais qui se donne. »

Énergie italienne

Malthusianisme triste, gestion de crise et éléments de langage d’un côté. Racines chrétiennes, traditions populaires, héritage culturel européen de l’autre. L’alternative n’est bien sûr pas aussi schématique, mais l’exercice des vœux chez Emmanuel Macron et Giorgia Meloni laisse apparaître deux conceptions fondamentalement différentes de l’exercice politique. L’une, celle de la politique à court terme, évoque celle de l’inventaire avant fermeture. L’autre, celle du politique et du long terme, dégage une énergie qui est celle d’un pays et d’un peuple qui ne veulent pas disparaître. Et s’en donnent les moyens.