La grande chorégraphie des primaires a commencé de l’autre côté de l’Atlantique. Au fil des semaines, tous les États américains vont être appelés à désigner les délégués qui, in fine, désigneront les candidats lors des grandes conventions des Républicains – en juillet – et des Démocrates – en août. Le point d’orgue de ce processus sera le fameux Super Tuesday du 5 mars au cours duquel les deux principaux partis consulteront les électeurs dans pas moins de 14 États.
Mais les consultations continueront ensuite de s’échelonner jusqu’au 8 juin, avec les derniers « caucus » démocrates organisés à Guam et aux îles Vierges.
Déjà deux favoris
Ce sont les Républicains qui ont inauguré le bal, avec l’Iowa le 15 janvier, et le New Hampshire le 23 janvier. Dans les deux cas, c’est Donald Trump qui s’est imposé sans coup férir, balayant ses concurrents dont une seule demeurait encore en lice à l’issue de ces consultations, Nikki Haley, ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU de 2017 à 2018. Cette dernière veut encore rester dans la compétition, mais pour combien de temps ? Sauf surprise inattendue ou blocage judiciaire, c’est bien l’ex-Président américain qui pourrait porter la casaque rouge – la couleur traditionnelle des Républicains – lors du scrutin du 5 novembre prochain. Du côté bleu – démocrate –, la course a vraiment commencé le 3 février avec une primaire en Caroline du Sud, remportée haut la main par Joe Biden. Comme son prédécesseur, l’actuel locataire de la Maison-Blanche fait figure de grand favori dans son camp.
Duel singulier
Si l’affiche, telle qu’elle se dessine, se confirme au fil des prochains mois, le scrutin pourrait être hors du commun. « Cette 60e élection présidentielle s’annonce extraordinaire à plusieurs égards. Se font face le Président le plus vieux de l’histoire des États-Unis, Joseph Biden, 81 ans, et Donald Trump, 77 ans, le précédent chef d’État (2016-2020), visé par de multiples procédures judiciaires : 91 chefs d’accusation dont deux portent sur des mises en péril de la démocratie américaine », souligne ainsi Annabelle de Cazanove dans Ouest France (01/02). L’âge des capitaines n’est pas un détail anodin, d’autant plus que Joe Biden a manifesté à plusieurs reprises des signes d’égarement que ses adversaires ne manquent pas d’exploiter pour pointer un possible début de sénilité. La dernière alerte remonte au 27 janvier, lorsqu’au cours d’un discours en Caroline du Sud, il a qualifié Donald Trump de… « président en exercice ».
Le bon casting ?
Mais au-delà de ces aspects, les profils des deux hommes posent question au regard des enjeux auxquels ils devront faire face. « Le double entêtement de Donald Trump […] et de Joe Biden, convaincu qu’il peut rééditer sa victoire d’il y a quatre ans, est une mauvaise nouvelle pour les États-Unis et bien au-delà, compte tenu du poids du pays dans les affaires du monde », pouvait-on lire ainsi dans un récent éditorial du Monde (24/01). Si l’on peut ne pas partager le jugement du quotidien vespéral, on est en droit de se demander si les excès de l’un et les faiblesses de l’autre, ne sont pas les traits les plus défavorables que l’on puisse imaginer pour traiter des affaires du monde au cours du prochain mandat, en particulier lorsque l’on considère les enjeux géopolitiques colossaux auxquels ils vont devoir faire face, en particulier face à la Russie et à la Chine.
Délicat discernement
Difficile, donc, de se positionner de manière définitive dans ce débat. Sur quel critère fonder son discernement ? Il en est un assurément qui mérite d’être pris en compte, c’est celui de la promotion de la vie. Et sur ce point, les choses sont claires. Joe Biden a commencé sa campagne sur le thème de la défense de l’IVG. Et l’on n’oubliera pas inversement qu’au cours de son mandat, sans doute aiguillonné par les groupements « pro-life », Donald Trump – dont les frasques sexuelles et la vulgarité montrent qu’il n’a rien d’un enfant de chœur – a sécurisé la Cour suprême pour quelques années sur la question, ce qui a même conduit en 2022 à l’abrogation de l’arrêt Roe vs Wade qui avait conduit à la généralisation de l’avortement sur tout le territoire américain au nom d’un principe fédéral. Ce n’est sans doute pas le seul critère. L’émeute du Capitole en janvier 2021 reste un signal d’alerte majeur invitant à toujours conserver du recul face au « trumpisme ». Il n’en reste pas moins que la promotion de la vie demeure une des grilles de lecture fondamentale pour se positionner face à l’échéance de novembre prochain.