Vérités de la foi : « Nous repartons de zéro » - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Vérités de la foi : « Nous repartons de zéro »

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La Leçon de catéchisme, de Jules-Alexis Muenier, reproduction.

La Leçon de catéchisme, Jules-Alexis Muenier, reproduction. © Arnaud 25/ CC by-sa

Vous tenez, avec d’autres, la chronique d’apologétique dans France Catholique. Pourquoi, selon vous, cette discipline est-elle cruciale à notre époque ?

Parce que nous repartons de zéro. Pour des raisons que nos lecteurs connaissent bien, la transmission s’est presque arrêtée à la fin des années 1960. Les jeunes gens d’aujourd’hui partent de rien. Le terrain est vierge. Nous devons, comme les premiers chrétiens, « rendre raison de l’espérance qui est en nous » (I P. 3, 15). L’apologétique, ce n’est rien d’autre que cela : la défense argumentée (apologia en grec) de la crédibilité de la Révélation chrétienne. Dans cette œuvre, France Catholique montre la voie.

Mais peut-on vraiment dire que la foi s’apprenne ? N’est-ce pas plutôt un mouvement du cœur ?

Bien sûr, la foi n’existe pas sans une grâce, une motion du Saint-Esprit, un élan du cœur qui vient porter notre volonté… Mais foi en quoi, justement ? C’est toute la question. Car la foi n’est pas seulement une émotion interne, elle a un objet, un contenu. Et c’est là que le catéchisme est indispensable. La croyance religieuse n’est pas, comme disait une formule célèbre, « un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du subconscient », elle est un « véritable assentiment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors » (saint Pie X, Sacrorum antistitum, 1910). Nous autres, chrétiens, sommes censés croire en une somme de vérités qui ont été révélées par Dieu, et que nous n’aurions pas pu deviner tout seuls. Ces vérités sont magnifiques, profondes, mystérieuses mais encore faut-il en connaître l’énoncé. Car on ne peut pas les redémontrer soi-même, ni les remplacer par autre chose.

C’est pourquoi l’Église a eu la bonne idée de publier des catéchismes, c’est-à-dire des exposés clairs et concis de la substance de la foi, à destination des enfants en particulier. Le plus célèbre est le petit catéchisme de saint Pie X, sous forme de questions/réponses. Je recommande aussi celui des dominicaines du Saint-Esprit qui est un petit chef-d’œuvre de limpidité. Pour les adultes, le catéchisme de Jean-Paul II est un très beau livre, animé d’un souffle que n’avait peut-être pas le catéchisme du Concile de Trente, d’un style plus juridique.

Les enfants doivent-ils vraiment apprendre le catéchisme par cœur ?

On ne dira jamais assez de mal de toutes les sottises répandues dans les années 1970 contre l’apprentissage par cœur, à l’école comme au catéchisme : « Il vaut mieux avoir une tête bien faite qu’une tête bien pleine »… Moyennant quoi, on a des têtes qui seraient bien en peine d’être bien faites puisqu’elles sont vides ! Outre les bénéfices propres qu’il y a à faire travailler sa mémoire (qui grandit à mesure qu’on la remplit), il est des domaines où connaître vraiment – et aimer vraiment – c’est connaître par cœur. Que voudrait dire une phrase comme « J’aime beaucoup la poésie, mais je ne connais pas de poèmes » ?

Il n’est pas question d’apprendre par cœur des livres entiers, mais il est bon de connaître des définitions précises et nettes – comme les théorèmes de géométrie ou les articles de foi – qui fournissent les fondations d’une recherche potentiellement infinie. Personnellement, je suis sorti des Fripounet de mon enfance la tête pleine de gommettes, de moutons en coton hydrophile mais presque ignare quant à la substance de la foi catholique. Et comme je détestais le papier crépon, j’en avais conçu un certain mépris pour le christianisme, doctrine mollassonne et brumeuse que je devais remplacer, vers 15 ans, par l’ABC du marxisme-léninisme – qui ressemblait fort à un catéchisme à l’ancienne, d’ailleurs ; c’était donc très efficace ! La différence, j’en ai plus tard fait l’expérience, c’est qu’en approfondissant les articles de foi du marxisme, on se rend compte que ça ne tient pas debout ; tandis qu’en approfondissant les phrases simples et précises, formellement très rigoureuses, du catéchisme, on découvre des sources inépuisables de joie intellectuelle !