Veritatis splendor : « La loi morale nous libère » - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Veritatis splendor : « La loi morale nous libère »

Les 10 et 11 juin, un colloque à l’UCO d’Angers revient sur la fécondité de l’encyclique Veritatis splendor publiée par Jean-Paul II en 1993. Entretien avec Mgr Jean Laffitte, théologien et ancien secrétaire du Conseil pontifical pour la famille.
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Jean-Paul II, pape de 1978 à 2005.

Jean-Paul II, pape de 1978 à 2005.

© E911a / CC by-sa

Quelle est l’idée maîtresse de Veritatis splendor ?

Mgr Jean Laffitte : Jean-Paul II a souhaité montrer que les commandements divins ne sont pas une pression exercée sur l’homme, mais un cadeau que Dieu donne pour que nous sachions comment nous comporter en vue de la vie éternelle. Il faut dire qu’à l’époque de la publication de l’encyclique, certains souhaitaient remettre en question la compétence du Magistère de l’Église en matière morale, en donnant par exemple la primauté à la conscience individuelle : ce serait à l’homme de décider, en pleine conscience, de ce qui est bon et de ce qui est mal. Ce ne serait donc pas à une instance normative, comme l’est l’Église dans son enseignement, de le déterminer. Mais cette approche fait fi des commandements de Dieu ! Cette volonté de relativiser l’enseignement de l’Église se rencontre encore très souvent aujourd’hui : il n’existerait pas d’actes qu’il ne faudrait jamais commettre, quelles que soient les circonstances. C’est ce que Veritatis splendor nomme les « actes intrinsèquement mauvais », comme le vol, le blasphème, le meurtre d’un innocent – d’où la position ferme de l’Église condamnant l’avortement, l’euthanasie ou encore une guerre injuste.

Ne doit-on pas prendre en compte les circonstances des actes mauvais commis ?

On peut comprendre une situation et la difficulté dans laquelle se trouve une personne, évidemment. Mais cela ne veut pas dire qu’il existe pour elle la possibilité d’accomplir cet acte intrinsèquement mauvais. Sinon, on tombe dans ce que l’on peut appeler la « pastorale de l’excuse ». Mais si l’on regarde bien l’Évangile, notamment toutes les paroles du Christ, le Seigneur justifie le pécheur par miséricorde, mais jamais le péché, qui est une offense à Dieu. Pour le Seigneur Jésus, un péché est toujours une offense à son Père. Lorsqu’il rencontre la femme adultère, il lui dit : « Moi non plus je ne te juge pas. Va et ne pèche plus. » Il ne cherche pas à relativiser son péché ! Et même la parole de Jésus sur la Croix, s’adressant à son Père : « Pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » est une supplication pour le pardon de ceux qui ne se rendent même pas compte à quel point le péché qu’ils ont commis est grave.

On ne mesure pas toujours l’étendue de nos actes…

Le problème n’est pas d’avoir une conscience absolument parfaite du mal que l’on fait, mais d’avoir une conscience suffisante pour assumer la responsabilité de l’acte que l’on a commis. Cela fait une belle différence.

L’encyclique ne paraît-elle pas, de nos jours, trop radicale ?

Il s’agit une radicalité du choix du bien qui est libératrice. L’encyclique met à l’honneur une qualité qui nous a été donnée : notre liberté de choisir et à nous déterminer dans notre vie. À ce titre, le premier chapitre de Veritatis splendor est un véritable chef-d’œuvre. Il consiste en un commentaire de la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche qui souhaite savoir comment obtenir la vie éternelle. Alors qu’il indique mettre déjà en pratique les Commandements, il voit le Christ lui proposer une voie encore meilleure : se mettre à sa suite. « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » Le jeune homme n’est pas encore prêt à cela. On comprend que les Commandements sont une aide à avancer et à nous rapprocher du Christ.

Le fait qu’ils soient formulés pour beaucoup de façon négative – « tu ne commettras pas de meurtre », « tu ne commettras pas d’adultère », « tu ne commettras pas de vol »… – les rend très concrets : chacun sait alors ce qu’il ne doit jamais faire ! À ce titre, la possibilité de faire objection de conscience montre à quel point la conscience est, selon les mots de l’encyclique, un « sanctuaire ». La personne est toujours libre de choisir le bien, même dans des circonstances où il est particulièrement ardu à accomplir. L’objection de conscience est un témoignage souvent héroïque rendu au bien moral.

Le message de Veritatis splendor est-il encore promu comme il devrait ?

On observe aujourd’hui une tendance à passer sous silence cette encyclique. Pourtant Benoît XVI disait que Veritatis splendor était l’un des trois textes les plus importants du Magistère au XXe siècle ! Ce texte montre la beauté du bien moral, du « oui » que l’on donne à Dieu, non pas seulement dans une attitude de dévotion et de prière, mais en faisant sa volonté. Il s’agit d’adorer en esprit et en vérité ! En donnant les clés pour éviter la tentation d’interpréter la loi morale comme bon nous chante, cette encyclique est un texte de libération qui nous présente les moyens d’obtenir la vie éternelle ! On peut tenter de passer l’encyclique sous silence pendant un temps. Mais le texte existe et ne cessera pas d’exister.