Une France en trouble profond - France Catholique
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Une France en trouble profond

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L'Assemblée nationale en travaux, mars 2022. © Ibex73 / CC by-sa

La décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale a brusquement plongé le pays dans un climat de trouble profond. On ne saurait, en effet, sous-estimer l’ampleur des choix qui se présentent dans la constitution d’une nouvelle Assemblée et qui correspondent à une situation objective.

Avant même d’évaluer les différences idéologiques, il convient de bien comprendre à quel point, depuis le début du XXIe siècle, la France a profondément changé. La géographie électorale que les experts mettent en évidence correspond à une nouvelle géographie humaine.

On a intérêt à se référer aux travaux des sociologues qui ont étudié cette transformation, pour prendre conscience des enjeux du séisme politique en cours. Ainsi, Jérôme Fourquet dans son ouvrage très éclairant, intitulé La France d’après (Seuil), met en évidence ces facteurs que sont la progression tendancielle de la délinquance et les dynamismes migratoires.

France périphérique

Mais il faut y ajouter la division socio-économique qui correspond aux effets inégaux de la mondialisation. De même, un Christophe Guilluy s’est employé à analyser la constitution d’une France périphérique à l’opposé des grandes métropoles urbaines.

Si le Rassemblement national est parvenu à réunir une telle masse électorale, il le doit à la situation actuelle d’un pays qui ne correspond plus aux stratifications anciennes. À la division droite / gauche s’est substituée politiquement une tripartition, celle qui se présente dans la campagne électorale avec la compétition du Rassemblement national, de Renaissance – la formation macroniste – et du nouveau Front populaire. Le centrisme présidentiel est en grande difficulté alors que le jeu semble privilégier le duel entre « les deux extrêmes ».

Choix sociétaux moins présents ?

Comment s’efforcer d’exercer un jugement chrétien au sein d’un tel constat ? Dans l’immédiat, les choix sociétaux, comme ceux à propos de l’avortement et de la fin de vie, privilégiés par Emmanuel Macron, semblent ne plus être d’actualité directe, même si le chef de l’État a promis de relancer la loi sur la fin de vie s’il obtient une majorité. Apparemment, ces sujets sont relayés par des préoccupations qui sont plutôt d’ordre économique.

L’autorité ecclésiale, elle, s’est faite assez discrète, alors qu’elle était, hier encore, très motivée par les points non négociables définis par le cardinal Ratzinger quand il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi : la défense de la vie, de la famille et de la liberté de l’éducation. À noter aussi qu’il n’y a plus de formation politique se réclamant de la tradition démocrate-chrétienne.

Cela ne veut pas dire que toute vocation civique soit interdite désormais aux chrétiens. Si le pays est conduit à des convulsions aggravées dans les prochains mois, les chrétiens devront jouer pleinement leur rôle, forts de leur éclairage théologal et de la confiance qu’ils mettent dans la Providence.