D’une poignée d’écoles il y a trente ans, à 2 600 établissements scolarisant 130 000 élèves en 2024, l’enseignement hors contrat – ne relevant ni du public, ni du privé sous contrat d’association avec l’État – connaît en France un développement rapide, jusqu’à atteindre 4,7 % de l’offre éducative. Pour accompagner cette croissance, la Fondation pour l’école organise cette année encore un Salon de la liberté scolaire. « Il a pour but de mettre en réseau les écoles libres et leur permettre de se rencontrer, ainsi que de rencontrer leurs prestataires, dans un endroit unique », indique Augustin Yvan, responsable communication et développement de la Fondation.
À rebours du « pédagogisme »
L’occasion pour les directeurs d’établissements, membres des conseils d’administration, professeurs et parents d’échanger leur expérience fondée sur les fondamentaux de l’éducation, alors que la qualité de l’enseignement en France n’en finit plus de dégringoler dans les différentes enquêtes internationales – Pisa, Timss… « Lire, écrire, compter » : en se fixant ces objectifs simples, le hors contrat assume d’être à rebours du « pédagogisme » ambiant, sans se fermer pour autant aux problématiques de l’époque. « Cette année, nous voulons mettre en avant que la tradition n’empêche pas l’innovation », relève Augustin Yvan, soulignant la présence de nombreuses maisons d’édition et créateurs de contenus pédagogiques, dont par exemple Code en bois, qui propose d’apprendre le code informatique au moyen de pièces de bois.
« Transmettre une civilisation »
« Le grand enjeu de l’éducation aujourd’hui est de faire comprendre qu’il y a une urgence à transmettre de nouveau une civilisation, estime Bérénice Levet, professeur de philosophie à l’IPC et essayiste, qui donnera une conférence lors du Salon. Or le modèle de l’école libre est fondé sur la transmission, notamment dans les écoles hors contrat catholiques : ces dernières ont conscience que l’homme est traversé par le bien et le mal et que le rôle de l’école est de l’aiguiller vers le beau et le bon. »
D’autres intervenants sont annoncés, comme Michel Desmurget, auteur de Faites-les lire ! Pour en finir avec la fabrique du crétin digital (Seuil), Myriam Meyer, auteur de Wesh, Madame ? ! Rires et larmes d’une prof de banlieue (Robert Laffont) ou encore Henri d’Anselme, ancien élève du hors contrat. Parmi les sujets abordés : les défis de l’intelligence artificielle et le possible bouleversement qu’elle peut apporter permettant, en quelques clics, de « produire » une dissertation sur n’importe quel sujet. « Tout l’enjeu est de rappeler que la machine ne pense pas : elle calcule, compose et archive mais, comme disait Bergson, ce n’est que de la mécanique plaquée sur du vivant, estime Bérénice Levet. Or, comme professeurs, nous devons absolument proposer à nos élèves le modèle de l’incarnation, en leur expliquant que l’être humain est avant tout en tension vers le beau, le vrai et le bien. »
Le hors contrat en France
– 2 600 établissements, dont 53 % d’écoles maternelles et primaires.
– 130 000 élèves scolarisés.
– 72,6 % sont aconfessionnels, 21 % catholiques, 4,8 % protestants et 1,6 % musulmans.
– 300 nouvelles classes à la rentrée 2024.
– 54 % en zone rurale (+ 10 points par rapport à 2023).