En quoi consiste le parcours de Carême que vous proposez ?
Abbé Dubrule : Chaque année, nous proposons pendant le Carême une vidéo quotidienne de 5 mn, avec un thème différent : les fins dernières, la liturgie, la foi chrétienne présentée aux musulmans, la vie et l’exemple de saint Charles de Foucauld… Cette année, nous avons choisi le Sacré-Cœur.
Pourquoi ce thème – outre le fait que nous sommes dans l’année jubilaire des apparitions ?
Notre communauté vit de la spiritualité de la miséricorde, à l’école de sainte Faustine et des révélations qu’elle a reçues de Jésus miséricordieux. Ce message est très proche de celui du Sacré-Cœur. C’est pourquoi nous voulons le faire découvrir. Par ailleurs, saint Charles de Foucauld, notre saint patron secondaire, était aussi très proche de cette spiritualité.
Pourquoi parler autant de cette dévotion qui paraît à beaucoup un peu désuète ?
Parce qu’elle est une synthèse de notre foi. Elle nous rappelle la Trinité – source de l’amour –, l’Incarnation – qui fait que Dieu a eu un cœur humain –, la Rédemption, – puisque ce cœur a été ouvert pour nous à la Croix –, les sacrements – que symbolisent l’eau et le sang sortis du côté ouvert du Christ – et enfin l’exigence de « rendre amour pour amour » à Dieu. Cette dévotion est bien au centre de notre foi.
En quoi est-elle encore actuelle ?
Le Sacré-Cœur est apparu au XVIIe siècle, dans le contexte du jansénisme, pour inciter non seulement au regret des péchés mais à la confiance en Dieu. À notre époque, l’homme n’a plus confiance en son Créateur, essentiellement parce qu’il pense que c’est inutile, en raison de la perte du sens du péché. Rappeler à la fois que le péché blesse le cœur du Christ, mais que ce cœur ouvert est source de miséricorde, est un chemin de salut pour nos contemporains.
Quel lien faites-vous entre le Sacré-Cœur et le Carême ?
Le Carême est un lieu de conversion, et le Sacré-Cœur nous rappelle l’ingratitude de l’homme pour ce cœur ardent. En contemplant tant d’amour pour nous pendant ce Carême, chaque fidèle peut se dire : est-ce que je prends suffisamment au sérieux ma vie spirituelle ? Est-ce que j’aime assez Dieu qui m’aime tant ? Ne dois-je pas faire plus d’efforts ? Cela aide à faire un Carême plus ardent.
Il y a deux grâces principales, résumées par les deux invocations au Sacré-Cœur : « J’ai confiance en vous » et « Ayez pitié de nous ». Cette dévotion fait donc grandir notre confiance en Dieu, dont l’amour est bien plus grand qu’on peut le penser, comme saint Jean le rappelle : « Si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur » (1 Jn 3, 20). Et elle nous permet de reconnaître que nous avons besoin du pardon de Dieu, de sa miséricorde qui se penche vers nous. Sans oublier les grâces secondaires, de paix pour les familles ou les sociétés qui se consacrent au Sacré-Cœur.
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