La première partie de l’ouvrage – intitulée le « Mois du Sacré-Cœur » – présente, pour chaque jour du mois, des prières provenant de Pères Chartreux, du XIVe au XVIIe siècle. Parmi eux, plusieurs noms sont restés célèbres : Ludolphe (1295-1378), prieur à la chartreuse de Coblence (1343 -1348), Denis le Chartreux (v. 1402-1471), mystique et théologien, de la chartreuse de Ruremonde (Pays-Bas), Lansperge (1489-1543), chartreux à Cologne, Dom Innocent Le Masson (1628-1703), prieur de la Grande Chartreuse en 1675, rénovateur de l’ordre des Chartreux.
Bien avant les apparitions de Paray-le-Monial, ces hommes de silence et d’oraison contemplaient déjà, en Jésus, « l’amour », la « source de la confiance parfaite et le refuge assuré de l’âme », écrit Dom Cyprien-Marie Boutrais (1837-1900), prieur de la Chartreuse de Valsainte (Suisse), dans la préface de l’édition de 1886. Le religieux rappelle également que les chartreux du XVIIe siècle évoquaient les « tristesses de Jésus », entrevoyant « l’idée de réparation » due au Sacré-Cœur, que Jésus demandera à sainte Marguerite-Marie, en 1674.
Faire oraison avec le Sacré-Cœur
La deuxième partie du livre s’intitule « la semaine du Sacré-Cœur ». Il s’agit d’un texte publié pour des religieuses chartreuses en 1696 – vingt-deux ans après les premières apparitions de Paray-le-Monial – sous le titre de L’Exercice de dévotion au Sacré-Cœur. Écrit par Dom Le Masson, général des Chartreux – et admiré par Bossuet lui-même –, son but était de former ces ermites féminines à faire oraison avec le Sacré-Cœur. Rapidement diffusé auprès des laïcs catholiques pour les aider dans leur vie de prière, il propose de brèves méditations sur le Sacré-Cœur dans la vie du Christ, pour chaque jour de la semaine, enrichies de points de doctrine.
« Un bouquet spirituel »
Enfin, la troisième partie rassemble des prières, « bouquet spirituel formé de fleurs aux parfums suaves et fortifiants, cueillies dans les ouvrages de nos vieux auteurs chartreux », s’émerveille Dom Boutrais dans sa préface. Des prières qui « disposent à bien faire les principales actions de la journée », à « préparer à la réception des sacrements », à demander les « vertus chrétiennes » et « surtout le saint amour de Dieu ». Sans oublier que l’essentiel demeure, pour tous, la « préparation […] à une bonne et sainte mort [qui] reste toujours la grâce des grâces », rappelle Dom Le Masson, selon qui « mourir dans le Cœur de Jésus » est ce qu’il y a « de meilleur »…
Les mots de ce grand religieux du XIXe siècle résonnent encore aujourd’hui avec des accents prophétiques : « Dans les temps si troublés où nous vivons, l’âme fidèle, fatiguée, desséchée par l’air malsain et brûlant qui souffle aujourd’hui sur le monde, trouvera du repos et du rafraîchissement à répéter ces oraisons nées dans le calme et le silence d’une profonde solitude. » Un livre qui apprend à vivre dans un climat de foi, de joie et d’abandon au quotidien. Pas inutile pour notre époque…
Un Mois du Sacré-Cœur par d’anciens auteurs chartreux, éd. Sainte-Madeleine, 2024, 320 pages, 14 €.