« Un journal anticonformiste » - France Catholique
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« Un journal anticonformiste »

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Lors de la relance du journal en 2018, j’ai découvert un hebdomadaire atypique, et même anticonformiste. Non pas au sens d’une rupture, ou pire, de la transgression type mai 1968. Mais au contraire, à celui d’une liberté qui est d’abord le fruit de la fidélité. Fidélité à l’Église, au pape, à la foi catholique reçue des apôtres, et, par voie de conséquence, fidélité à ce qui a fait naître la France et en constitue aujourd’hui encore le facteur d’unité, même si c’est de manière plus diffuse, voire souterraine… Fruit ensuite d’un enracinement solide dans une histoire longue – un siècle !

Tenir le cap

Pour la génération à laquelle j’appartiens, qui a été une des premières à subir les conséquences de la crise de la transmission dans les années 1970-1980, cette découverte demeure un émerveillement. Malgré les épreuves et les vicissitudes de l’histoire, et le XXe siècle n’en a pas manqué, il était donc possible de tenir le bon cap. Comme l’a fait le général de Castelnau au début de cette glorieuse épopée que fut le rassemblement de deux millions d’hommes au sein de la Fédération nationale catholique, créée en 1924 et dont France Catholique a été un des organes d’expression. Le RP Janvier, son aumônier, a pu ainsi affirmer : « Nos adversaires ont compris qu’en France, le catholicisme n’est pas mort. »

Mais ce n’était pas uniquement une réaction de défense, ou de survie, face à une nouvelle vague anticléricale du Cartel des gauches. Il s’agissait en positif, toujours selon ce dominicain, de faire comprendre dans les moindres villages, notamment par la presse, que « la raison et la religion conduisent non seulement au bonheur éternel, mais encore à la paix et à la prospérité » dès ici-bas. En résumé, de transmettre une espérance spirituelle et temporelle.

C’est pourquoi cette reprise salutaire du journal a souhaité ajouter à l’héritage reçu un nouvel impératif : celui de transmettre à notre tour les trésors de foi et de culture qui ont construit notre civilisation au cours des siècles, et qui ont façonné sa grandeur. L’histoire de l’Église comporte certes sa part d’ombre, mais elle possède aussi une face lumineuse, qu’il est de bon ton aujourd’hui de reléguer aux oubliettes, voire de renier. À l’image de cette statue du général de Castelnau, vandalisée à son tour en septembre dernier…

À l’inverse, nous voulons, nous, nous reconnaître comme des héritiers. D’autant que l’urgence commande désormais d’apporter toutes ces richesses aux générations à venir. Il faut « donner des racines au futur », comme nous en avons pris l’engagement en 2019, en mettant cette formule sous le logo de la couverture du journal. Nous entendons bien le tenir.

Le deuxième gène transmis par le général de Castelnau est contenu dans la ligne de conduite de sa famille : « Servir. » Il ne suffit pas de prêcher de belles paroles, il faut les mettre en pratique. Sinon notre foi est vaine…

Des combats qui sont nôtres

Pour le fondateur de France Catholique, l’engagement dans la cité allait de pair avec sa foi. Il avait été soldat, homme politique, chef d’un mouvement puissant, patron de presse… et à ce titre, de tous les combats de son temps pour « rétablir sur notre patrie le règne de Jésus-Christ, règne de la vérité, de la justice, de la fraternité », commentait le RP Janvier.

Ces combats, ce sont encore et toujours les nôtres : laïcité qui outrepasse ses limites et devient une nouvelle religion, liberté de l’école, lutte pour la liberté contre les totalitarismes de tous ordres… Plus tard, viendra aussi la conception de la nature humaine.

Car le chrétien du XXIe siècle ne peut se résoudre à ce que le temporel soit abandonné aux forces contraires, aux forces du mal. Il y a au cœur du projet de France Catholique un secret espoir : celui de contribuer à faire naître « une nouvelle chevalerie », comme l’avait énoncé un petit livre de Jean-Louis Lagor. Gageons que Castelnau n’eût pas renié cette ambition, lui qui disait le 15 juin 1929 : « Nous laisserons du travail à nos fils, n’en doutez pas ; nous le leur préparons. Mais nous leur transmettrons intactes, avec le chemin déjà parcouru, nos ambitions intégrales, que je vous résume en un mot : la France, qui a été chrétienne entièrement, peut et doit progressivement le redevenir si nous le voulons. »