Toujours fidèle à Rome ! - France Catholique
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Toujours fidèle à Rome !

Toujours fidèle à Rome !

Les crises du XXe siècle n’auront jamais fait dévier France Catholique de sa fidélité à Rome et au magistère pétrinien.
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De toutes les tempêtes qui auront secoué la barque de Pierre, celle du XXe siècle aura probablement été l’une des plus puissantes et l’une des plus longues, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. Pour l’affronter, France Catholique a très tôt pu compter sur le cap fixé par le général de Castelnau énoncé, dès 1927, dans le compte rendu de l’audience accordée à la FNC par le pape Pie XI. Face au Souverain pontife, la Fédération avait ainsi présenté les grands principes de son « action civique » : « toujours docile aux directions du Père commun des fidèles [le pape, NDLR] », « sa constitution [est] établie en étroite conformité avec la ligne de conduite tracée par le Saint-Siège ».

Il aura bien fallu cette ligne directrice pour affronter l’un des événements les plus conséquents de l’histoire moderne de l’Église : Vatican II. Non pas tant durant la tenue du concile, entre 1962 et 1965, lorsque les colonnes de France Catholique sont entraînées par l’importance du moment, qui entend « mettre à jour » la foi catholique : « [L’approfondissement de la Parole,] ce n’est jamais fini, même lorsque c’est défini ! veut ainsi croire Jean Guitton, le 11 octobre 1963. On peut toujours faire un effort pour mieux savoir ; on peut ajouter une définition à une autre définition pour la compléter et pour l’éclairer. On peut expliciter des richesses latentes. On peut trouver à l’intérieur de ce qu’on a déjà… »

Trois ans plus tard, changement de ton. Plus mesuré, le même Jean Guitton confie, le 28 janvier 1966, pressentir deux dangers dans les années à venir. D’un côté, restant fidèle à l’engouement dont a témoigné France Catholique, Guitton craint le « péril de l’inertie » et celui d’une volonté de retour « à l’état antérieur que le concile s’était donné la mission de réformer ». Mais cela n’est rien à côté d’un risque plus grave encore : faire de Vatican II une rupture. « En d’autres termes, écrit Jean Guitton, que l’on oppose à l’Église historique, l’Église de Jésus-Christ, que l’on en arrive à rendre incompréhensible, désuète, étrange, et à la limite aveugle, et même coupable, son existence antérieure. Par conséquent, encore, que l’on oppose les catholiques aux catholiques, les générations aux générations. » Ne pas céder à l’esprit du monde, rester fidèle à l’enseignement constant du Magistère et ne pas s’abîmer dans des querelles de chapelles : ainsi se dessine le mot d’ordre du journal qui restera le sien pour les années à venir.

La posture respectueuse du journal ne l’empêche pas de prendre vigoureusement position dans certaines disputes. Ainsi, le 2 juillet 1965, Étienne Gilson critique-t-il vivement la traduction erronée du Credo sur la consubstantialité du Père et du Fils – où le latin « consubstantialem Patri » devient en français « de même nature que le Père » [la bonne traduction sera rétablie en 2021]. « Suis-je schismatique ? » s’interroge le philosophe, expliquant que « deux hommes, deux chevaux, deux poissons sont de même nature, mais chacun d’entre eux est une substance distincte, et c’est même pourquoi ils sont deux ». Dans ce texte célèbre, il propose plus largement une réflexion sur l’attitude à adopter face à l’erreur, fût-elle promue par la hiérarchie ecclésiastique. La réponse est simple : « Il serait troublant de penser qu’une sorte d’avachissement de la pensée théologique puisse tenter certains de se dire qu’au fond ces détails techniques n’ont guère d’importance. Car à quoi bon faciliter l’acte de croire, s’il faut pour cela délester d’une partie de sa substance le contenu même de l’acte de foi ? »

Crise du clergé

Le ton se muscle encore davantage pendant le chaos des années 1970. Alors que les vocations sacerdotales poursuivent leur chute, la revue Études publie une série d’articles du Père Joseph Moingt appelant à la création d’un rôle de « ministre laïc » pouvant suppléer le manque de prêtres, provoquant une vive réaction de France Catholique. Dans son éditorial du 16 novembre 1973, Louis-Henri Parias s’insurge : « Il n’y a de prêtre qu’en Jésus-Christ, et le sacerdoce royal que les baptisés partagent avec lui ne leur donne pas pour autant le sacerdoce ministériel qu’il a conféré spécifiquement à ses douze apôtres durant la dernière Cène. »

La plume du journal se fait toujours plus acérée à mesure que les turbulences s’intensifient, à l’image du texte signé par le protestant Pierre Chaunu, le 10 janvier 1975, intitulé « En l’an 2000, la foi existera-t-elle encore ? ». « De toutes les crises que l’Église a traversées depuis deux mille ans, celle-ci n’est pas la première, [mais] elle est peut-être la plus grave », affirme-t-il. Et de continuer : « Une importante partie du clergé de France constitue aujourd’hui un sous-prolétariat social, intellectuel, moral et spirituel ; de la tradition de l’Église, cette fraction n’a souvent su garder que le cléricalisme, l’intolérance et le fanatisme. Ces hommes rejettent un héritage qui les écrase parce qu’ils sont, intellectuellement, incapables de le comprendre et, spirituellement, incapables de le vivre. »

« L’unité du corps du Christ »

La fin des années 1980 sera marquée par une nouvelle épreuve, avec le sacre de quatre évêques sans mandat pontifical par Mgr Marcel Lefebvre, en 1988. Les « sacres d’Écône » heurtent l’équipe de France Catholique, dont les textes laissent transparaître leur douleur. Sans jamais, pour autant, perdre l’espérance : « L’exigence de pureté doctrinale, de continuité que manifestent nos frères traditionalistes peut être reconnue, à condition de s’inscrire dans l’unité du corps du Christ. […] Ensemble dans l’unité tout peut être sauvé, mais [en] dehors de l’unité tout est perdu », relève ainsi Gérard Leclerc, le 24 juin 1988.

Ces dernières années, face aux nouveaux tumultes et afin de rester fidèle à sa tradition, France Catholique a multiplié les dossiers ou les séries, à l’image des quatre numéros sur le thème du Credo« Je crois en l’Église… une », « … sainte », « … catholique » et « … apostolique » –, pour présenter aux lecteurs des clés de lecture enracinées dans le magistère pétrinien. « Les interrogations actuelles ne trouveront leur réponse que dans une réaffirmation de la foi de l’Église, son Credo, face au relativisme qui affaiblit la notion même de vérité parmi les croyants. Et ce renouveau ne pourra venir in fine que de Rome » écrit ainsi Aymeric Pourbaix dans l’éditorial du 9 septembre 2022.

Multipliant les numéros sur les grands piliers de la foi – la messe, la vérité, les saints, l’Église, les sacrements –, France Catholique continue donc de tracer une route fixée il y a un siècle : la transmission d’un trésor bimillénaire.