Née le 23 décembre 1892 à Morra Irpina, dans la province d’Avellino, près de Naples, dans une famille de huit enfants, Maria Gargani commence à travailler comme institutrice auprès des enfants pauvres. En 1914, elle devient laïque dans le tiers-ordre franciscain, et travaille comme catéchiste. C’est en 1916 que commence sa correspondance avec Padre Pio. Elle a 24 ans.
Leur première rencontre a lieu en 1918, au monastère capucin de San Marco la Catola. La même année, elle lui fait part dans une lettre de sa souffrance liée à une période d’aridité et de scrupules spirituels, et aux outrages faits au Sacré-Cœur.
« Un tourment très doux »
Padre Pio lui répond : « Vous souffrez, mais ayez courage, votre souffrance se fait avec Jésus et par Jésus. Ce n’est pas une punition mais une épreuve à passer en vue de votre salut. […] Dans vos douleurs, il y a Jésus et Jésus est bien au centre de votre cœur. Vous n’êtes séparée en rien de l’amour de Dieu, qui est si bon. […] Mais vous souffrez d’être loin de le posséder pleinement et de le voir offensé par les créatures ingrates. Mais il ne peut en être autrement, ma fille : qui aime souffre […]. L’amour incomplètement satisfait est un tourment. Mais c’est un tourment très doux. […] Dans cet état d’affliction où vous êtes, persévérez, en priant pour tous, surtout pour les pécheurs, pour réparer tant d’offenses commises contre le divin Cœur. […] Jésus vous a accordé la grâce de supporter le sacrifice. Eh bien, courage, en avant pour encore un peu de temps : la récompense n’est pas loin ! » (lettre du 9 avril 1918).
Une correspondance soutenue
C’est avec Maria Gargani que Padre Pio échangea le plus de lettres, 67 en tout, jusqu’à la mort du saint, en 1968. Il lui enseigna progressivement à accueillir pleinement la volonté de Dieu, à travers les mortifications, les épreuves offertes…
En 1936, soutenue et encouragée par Padre Pio, elle fonde la pieuse union des Sœurs apôtres du Cœur eucharistique de Jésus. Active et contemplative, la congrégation est dédiée à la réparation, par la prière, des offenses faites au Sacré-Cœur, et à la propagation de ce culte. « Le Seigneur m’a fait longtemps contempler son Cœur et m’a fait sentir sa soif des âmes », révèle-t-elle. Cet amour des âmes que le Sacré-Cœur lui fit partager lui fit choisir, comme nom de religion, Sœur Marie crucifiée de l’Amour divin. La jeune communauté se consacre aussi à l’évangélisation par la formation intellectuelle et spirituelle de la jeunesse et le catéchisme. En 1963, la communauté est approuvée par Jean XXIII et s’installe à Naples. Elle essaime dans d’autres villes d’Italie.
Maria Gargani a été béatifiée en 2018 et est fêtée le 23 mai. Le pape François s’est réjoui de sa béatification par ces mots : « Fille spirituelle de Padre Pio, elle a été une vraie apôtre dans le domaine scolaire et paroissial. Que son exemple et son intercession soutiennent ses filles spirituelles et tous les éducateurs » (Angélus, 3 juin 2018).
Son corps, conservé intact, est exposé à la vénération des fidèles à Naples, dans la chapelle de la maison mère des Sœurs apôtres du Sacré-Cœur.