Smartphones : non-assistance à jeunesse en danger ? - France Catholique
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Smartphones : non-assistance à jeunesse en danger ?

Face à la calamité que représente l’usage des téléphones portables, en particulier chez les jeunes, l’heure de la mobilisation pourrait bien avoir sonné. Venus de tous bords, les signaux d’alarme se multiplient. Enfin ?
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© Kampus production /Pexels

C’est un intervenant pas comme les autres qui a été invité le 6 février dans la matinale de Romain Desarbres sur CNews, à l’occasion de la Journée mondiale sans téléphone portable. Jean-Baptiste Nouailhac est le co-fondateur et le directeur général d’Excellence Ruralités, un réseau d’écoles ouvertes à tous, implanté dans les zones rurales. Son propos est net : il faut interdire catégoriquement les téléphones portables pour les jeunes de moins de 15 ans, au regard des dommages qu’ils occasionnent et dont il est le témoin chaque jour : perte de sommeil, difficulté de concentration, harcèlement, addiction au jeu et au porno, obsession du paraître… Plus de demi-mesure possible ! Son appel sera-t-il entendu ? Si le bruit est faible, plusieurs indices laissent penser qu’une mobilisation est possible.

Près de 5 heures devant un écran

Quelques chiffres pour commencer, que rappelle La Croix (06/02) : « En une journée, un utilisateur consulte son portable 144 fois en moyenne […], en moyenne, chaque Français passe quotidiennement 3 heures et 36 minutes devant l’écran de son téléphone […], l’âge moyen du premier smartphone en France est de 11 ans et 4 mois […], les enfants passent en moyenne presque 3 heures par jour sur les smartphones. » Affolant. Et si l’on généralise le phénomène à tous les écrans – ordinateurs, tablettes… –, les chiffres sont encore plus vertigineux. France 3 Corse (06/02) rappelle ainsi sur son site web que « les Français passent en moyenne 4,6 heures par jour devant un écran » et cite en exemple le cas d’un jeune adulte qui affiche un score de 12 h 31 de temps d’écran par jour… Et son cas n’est pas isolé.

« Pause numérique »

Si l’on n’en est pas encore à l’éradication préconisée par Jean-Baptiste Nouailhac, plusieurs expériences récentes de « pause numérique » dans les collèges ont donné d’intéressants résultats. Au collège Jean-Rostand d’Auchy-lès-Hesdin (Pas-de-Calais), depuis que les appareils sont déposés par les jeunes lors de leur arrivée dans l’établissement, « les interactions entre collégiens se sont aussi développées [et] la table de ping-pong s’est réanimée », rapporte Le Parisien (03/02). Au collège Tancrède-de-Hauteville (Manche), on constate la fin de l’engorgement des… toilettes, où les élèves s’enfermaient pour consulter leurs téléphones, comme le raconte Ouest-France (02/02). Cette expérience, qui devrait être généralisée à la rentrée prochaine, soulage aussi les professeurs qui n’ont plus « peur de devoir confisquer un téléphone, [ce] qui entraînait parfois beaucoup de tensions », lit-on sur le site de BFM-RMC (23/01).

« Stratégies agressives »

Ces signaux sont encourageants, mais le chemin reste long, tant la dépendance est forte. « Ce sont plutôt les contenus qui vont générer des dépendances, comme les réseaux sociaux et les plateformes de streaming qui vont utiliser des algorithmes et des notifications selon des stratégies agressives pour solliciter sans arrêt l’usager sur de la consommation de contenus », explique un spécialiste des addictions sur le site de France 3 Bourgogne (07/02). Un véritable fléau qui exige d’engager un combat sans merci. « Faire boire un demi de bière à votre enfant de 10 ans, ça vous choque ? Au XIXe siècle, cela semblait normal, tout le monde le faisait […]. Nous serons considérés dans trente ans avec la même sévérité pour le libre accès à internet que nous laissons à nos collégiens via leurs smartphones. » La comparaison proposée par Jean-Baptiste Nouailhac est sans appel.