Seconde Guerre mondiale : le sacrifice oublié de l’Église normande - France Catholique
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Seconde Guerre mondiale : le sacrifice oublié de l’Église normande

Le diocèse de Bayeux et Lisieux est sans doute le diocèse de France qui a payé le plus lourd tribut en prêtres, séminaristes, religieuses durant la guerre, avec 138 morts au total. Le Père Pascal Marie, curé de Honfleur, les a recensés.
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Route de Caen après les bombardements de juin 1944. Au fond à gauche ruines de l'église Saint-Désir. Au bout de la rue couvent des Bénédictines. On aperçoit des personnes avec des brouettes ou des charettes. Une armature de lit au premier plan. .Don à la médiathèque par M. Pierre Lebaud

Route de Caen après les bombardements de juin 1944.

© Photos Normandie / CC by-sa

« La Seconde Guerre mondiale reste l’une des pages les plus sombres de l’histoire du diocèse de Bayeux et Lisieux. Si l’on ne saurait recenser ici de manière exhaustive toutes les destructions subies, et inutiles parfois, mentionnons les terribles combats qui ont endeuillé les villes de Caen et de Lisieux. Dans la première, les flammes ont ravagé la clinique de la Miséricorde et le couvent de la Charité, dans la seconde, les couvents de la Providence et des Petites Sœurs des Pauvres de Lisieux ont aussi été réduits en cendres. À Saint-Désir, dans la périphérie immédiate de Lisieux, 12 minutes ont suffi à réduire en poussière l’abbaye Notre-Dame-du-Pré de Lisieux, ses fabuleuses archives et mille ans d’histoire… On pourrait multiplier les exemples.

Ces destructions ont été accompagnées d’un terrible cortège de victimes, dont il faudra attendre plusieurs décennies pour que la liste soit précisément établie. Dès octobre 1944, la Semaine religieuse de Bayeux publie les noms de 9 prêtres et de 12 séminaristes morts pour la France durant les combats de la Libération. La publication avance aussi le chiffre de 81 religieuses décédées, mais seuls les noms des communautés religieuses éprouvées sont signalés. En 2004, une nouvelle liste « officielle » est publiée dans la revue diocésaine. À la première liste se trouvent joints les noms des prêtres et séminaristes morts au combat en 1940, ainsi que ceux morts des suites de leur déportation. Cependant, les noms des 81 religieuses n’y figurent toujours pas.

80 ans après…

En cette année du 80e anniversaire du Débarquement, le diocèse peut publier une nouvelle liste que j’ai pu compléter à partir des archives communautaires, départementales et diocésaines, et dans laquelle figurent enfin les identités des religieuses, avec leurs deux noms, civils et religieux. Leur nombre se révèle plus important que ce que l’on avait jusque-là estimé : ce sont en effet non pas 81 religieuses, mais 99 qui sont mortes, la plupart sous les bombardements, et pour l’une d’elles exécutée. Dix-neuf prêtres et 20 séminaristes les rejoignent dans ce terrible cortège funèbre.

Notre Église diocésaine a été privée de leur prière, de leur amour, de leur présence, de leur activité. La plaque de marbre où figureront leurs noms et qui sera bénie par Mgr Jacques Habert le 8 juin 2024 dans la cathédrale de Bayeux n’est que le juste hommage à leur sacrifice. Cette plaque sera désormais un lieu de mémoire et de prière, d’autant plus que pour beaucoup, les corps n’ayant pas été retrouvés, les familles n’avaient pas de lieu de sépulture pour se recueillir. »