«C’est le feu qui m’a mise au monde ! », aimait à dire Madeleine-Sophie Barat, pour évoquer son amour du Cœur de Jésus. Elle naît en effet avec deux mois d’avance, le 12 décembre 1779, à Joigny (Yonne), alors qu’un incendie fait rage, terrifiant sa mère. Quoique très faible en raison de cette naissance prématurée, elle soulèvera des montagnes, enflammée par l’amour de Dieu et des âmes.
Élevée dans une famille pieuse, Madeleine-Sophie décide très jeune de consacrer sa vie à Dieu. Son enfance est marquée par le drame de la Révolution et les offenses à Dieu qu’elle déchaîne. Prêtre jésuite, son frère aîné frôlera la mort après s’être rétracté du serment prêté à la Constitution civile du clergé.
« Adorer le Cœur de Jésus »
Grâce à lui, après la Révolution, sa famille, janséniste, est gagnée au culte du Sacré-Cœur. Très marquée par les apparitions de Paray-le-Monial, Madeleine-Sophie désire fonder « une petite communauté qui, nuit et jour, adorerait le Cœur de Jésus outragé dans son amour eucharistique ». Elle voit les choses en grand et désire que le plus d’âmes possible soient formées « à l’esprit d’adoration et de réparation ».
Pour cela, elle décide de se « vouer à l’éducation de la jeunesse » afin de « refaire dans les âmes les fondements solides d’une foi vive au très Saint-Sacrement, y combattre les traces du jansénisme qui a amené l’impiété… » En 1800, à 21 ans, elle fonde l’institut des Dames de l’instruction chrétienne. Ces communautés d’éducatrices offrent dans leurs établissements une formation d’excellence aux jeunes filles, pauvres ou riches.
Infatigable
La congrégation ne prendra qu’en 1815 le nom de Société du Sacré-Cœur de Jésus, en raison de l’impossibilité, avant cette date, de faire référence au Sacré-Cœur, symbole considéré comme contre-révolutionnaire car lié aux guerres de Vendée… À partir de là, les religieuses sont appelées les Dames du Sacré-Cœur, dont les communautés et la mission « trouvent leur source dans l’union au Cœur de Jésus », précise leur fondatrice. « Le Cœur transpercé de Jésus nous ouvre aux profondeurs de Dieu et à la détresse de l’humanité. »
La nouvelle communauté essaime rapidement. En 1806, Madeleine-Sophie en est nommée supérieure générale. En 1818, l’institut commence à fonder hors de France : Italie, Belgique, Algérie, Irlande… L’infatigable fondatrice ne cesse de se déplacer pour ouvrir de nouvelles écoles.
À sa mort, en 1865, la congrégation compte 3 539 religieuses, réparties en 99 communautés. Sa dernière pensée est le reflet de sa vie : « L’amour du Cœur de Jésus, pour le salut des âmes, selon le but de notre vocation. » Elle a été canonisée par le pape Pie XI en 1925. Sa châsse se trouve dans l’église Saint-François-Xavier, à Paris, et une statue d’elle se dresse dans la nef de Saint-Pierre de Rome. Modeste, elle n’a jamais voulu se faire photographier. On l’invoque pour la réussite aux examens.
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Jean-Paul Hyvernat
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux