Mettre en scène Bernadette est une tâche difficile : il faut dépeindre une fierté sans orgueil et une pureté sans mièvrerie. Dès 1943, l’Américain Henry King s’y essaye avec Le Chant de Bernadette, suivi 20 ans plus tard par le Français Robert Darène et son Il suffit d’aimer. Mais les films les plus connus restent le diptyque Bernadette et La Passion de Bernadette, sortis respectivement en 1988 et 1989 et réalisés par Jean Delannoy, illuminés par la prestation de la jeune Sydney Penny, admirable de simplicité et de charme. On peut aussi saluer le choix du réalisateur de ne pas avoir mis en scène la Vierge, ce qui, étonnamment, rend les scènes des apparitions d’autant plus vraisemblables. Je m’appelle Bernadette, réalisé par Jean Sagols en 2011, s’ajoute au duo indétrônable de Delannoy. Bien qu’il n’arrive pas à la hauteur des deux premiers, il est un film plein de sincérité avec un souci notable des décors et de l’image. On est encore frappés par le front calme et confiant que Bernadette arbore face aux sceptiques et aux racontars.
Bernadette en tournée
Ces dernières années, c’est sur les planches que Bernadette aura brillé avec le spectacle Bernadette de Lourdes. Le projet de Roberto Ciurleo et Éléonore de Galard livre un vibrant récit de la vie de la voyante. Si la place laissée au message de l’apparition est malheureusement restreinte, sainte Bernadette est malgré tout dépeinte avec une honnêteté remarquable. L’abbé Pomian, confesseur de la voyante, ne disait-il pas que « la meilleure preuve des apparitions, c’est Bernadette elle-même » ? Après cinq années de succès retentissant, pour cette année jubilaire, Bernadette de Lourdes se produit en ce moment à Rome, avant de partir en tournée dans les grandes villes italiennes. Enfin, le spectacle sera diffusé au cinéma, les 24 et 27 avril.
Bernadette de Lourdes
Mise en scène de Serge Denoncourt, avec Eyma Scharen et la musique de Grégoire (2025, 90 min). Tout public
La pièce débute avec le premier interrogatoire de Bernadette par le commissaire Jacomet et s’étend jusqu’à son entrée chez les Sœurs de Nevers.
♥♥ La mise en scène respectueuse, soignée et fluide de Serge Denoncourt, ainsi que les magnifiques costumes de Mérédith Caron, nous plongent dans l’univers de Bernadette. Si la plupart des airs musicaux sont plus profanes que religieux, les artistes entonnent en chœur un magnifique Ave Maria en polyphonie qui n’aurait sûrement pas déplu à Bernadette.
♥♥ À travers cette œuvre, c’est l’affection de toute la troupe pour Bernadette qui transparaît. Ils nous livrent sur scène leur Bernadette avec authenticité et une grande simplicité, dans une ambiance familiale sans être un instant amateur. Notre-Dame n’est pas représentée mais suggérée avec pudeur. Si le scénario comprend des scènes imaginées, il reste fidèle au récit historique. Une porte d’entrée dans l’extraordinaire histoire de Lourdes, idéale pour le grand public.