Au rythme des bombardes et des cornemuses, la calèche transportant l’effigie de la Mère de Marie va traverser 144 paroisses en près de cinq mois. Partie la semaine dernière, le 7 mars, elle reviendra le 26 juillet pour le Grand Pardon, au sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray (Morbihan), soit 1815 kilomètres en 115 jours, pour une consommation de 128 bottes de foin pour la monture ! Cette exceptionnelle troménie clôturera la troisième année du jubilé des apparitions de sainte Anne dans la région. La sainte patronne de la Bretagne est en effet apparue à Yvon Nicolazic entre août 1623 et mars 1625. Pendant plusieurs mois, ce paysan du village de Ker Anna – qui veut dire « village d’Anne » en breton –, dont chacun vante les compétences et la charité, ignore l’identité de la « dame ». Mais celle-ci lui dit, le 26 juillet 1624 : « Je suis Anne, mère de Marie. Il y avait autrefois une chapelle qui est tombée en ruine. Je te demande de la rebâtir et d’en prendre soin. Dieu veut que je sois honorée ici. »
La Bretagne sera à l’honneur avec cette troménie. Ce terme vient lui-même du breton « tro-minihi », ce qui veut dire littéralement « le tour de l’espace monastique ». Pratiquement, ce sont des processions ou pèlerinages giratoires autour d’un sanctuaire, une spécialité bretonne !
Un pèlerinage pour le renouveau
C’est l’évêque de Vannes, Mgr Raymond Centène, qui est à l’initiative du projet. Il a souhaité engager tout son diocèse aux côtés de la mère de Marie. Les 144 paroisses qui accueilleront la statue au fil de son périple joueront un rôle important dans le renouveau de la foi dans le département. 115 messes, veillées et animations sont prévues au cours de la marche – soit une par jour en moyenne ! – pour donner un témoignage vivant et rayonnant « de la présence aimante de sainte Anne dans nos vies et à inviter nos frères et sœurs bretons à se joindre à nous dans cette démarche spirituelle », selon les mots de l’évêque de Vannes. Il insiste notamment sur le fait qu’il s’agit d’une « occasion unique de rassembler notre communauté, de renforcer notre foi et de partager au plus grand nombre la lumière de l’Évangile, ce flambeau qui brille dans la nuit ».