«Tel père, tel fils », dit le proverbe… qui trouve pourtant sa superbe exception dans la vie de Thierry. En effet, notre saint moine était le fils de Macard, un truand notable de la Marne, voleur et brigand tout à la fois. Quand il est en âge de se marier, ses parents l’obligent à épouser une jeune fille de leur connaissance. Mais telle n’est pas l’idée du jeune homme qui a décidé de vivre dans la vie consacrée. Il demande donc à sa jeune épouse de vivre comme frère et sœur, ce qu’elle refuse. Avec l’appui de Mère Suzanne, l’abbesse du couvent voisin, il se rend chez Remi, évêque de Reims et fait annuler son mariage forcé.
Conduit, dit la tradition champenoise, par le vol d’un aigle au lieu-dit « Mont d’Hor », à deux lieues de Reims, il s’y établit et y bâtira un monastère car de nombreux disciples se joignent à lui. Quelle n’est pas sa surprise de voir un jour son propre père frapper à la porte et demander l’habit monastique. Il vivra dans la pénitence pour expier ses nombreux forfaits au côté de son fils qui, jadis, l’exaspérait par sa piété.
La réputation de Thierry ne cesse de grandir dans la région et trouve son apogée quand, appelé à la cour de son homonyme Thierry Ier, roi d’Austrasie et fils de Clovis, il lui fait une onction d’huile sur l’œil que les médecins proposaient d’arracher. Menacé de devenir borgne, ce jeune roi se lamentait : « Si je perds la moitié de mes yeux, je perds, du même coup, la moitié de mon autorité sur mes guerriers ! » Pour cette guérison éclatante, qui se fit par simple onction, les rois de France jusqu’à leur suppression, au lendemain de leur sacre, se rendaient à l’abbaye de Saint-Thierry pour y déjeuner. Un honneur qui traversa les siècles. Thierry mourut le 1er juillet 533. Ses reliques sont toujours vénérées dans l’église paroissiale rémoise.
Pensée spirituelle de Guillaume de Saint-Thierry, abbé du monastère de Thierry au XIIe siècle
« Là où il y a contrainte, il n’y a plus de liberté ; là où il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de justice. »
Courte prière de Guillaume de Saint-Thierry
« Seigneur, le premier tu nous as aimés, et le premier tu aimes tous ceux qui t’aiment. Nous, nous t’aimons par l’amour ardent que tu as mis en nous. »