« Narcisse vous salue. Il a gouverné cette Église [Jérusalem] avant moi ; il la gouverne encore par ses prières. Il vient d’avoir 116 ans, et il vous engage, comme je le fais aussi, à vivre dans la concorde et la paix. » Tel est le message qu’adresse l’évêque coadjuteur Alexandre aux chrétiens d’Antinoë (Égypte). Exemple impressionnant de longévité pour un évêque ! Nous ne savons rien de Narcisse pour les 100 premières années de sa vie ! À 100 ans, on le choisit comme 30e évêque de Jérusalem. Une activité pastorale débordante. Il préside, entre autres, le concile de Palestine qui fixe la date de Pâques.
Il a souci des prêtres et des diacres. Ainsi, une nuit de Pâques, les diacres n’ont pas été prévoyants et n’ont pas l’huile suffisante pour les luminaires. En cours de cérémonie, Narcisse fait puiser de l’eau, prie devant les récipients et fait remplir les lampes. L’eau se transforme en huile ! À la fin de la liturgie, chacun se précipite sur les luminaires pour emporter chez soi un peu de cette huile miraculeuse.
Il est à la fois affable et ferme, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Trois personnages dépravés le calomnient. Et jurent qu’ils disent la vérité, sous peine dit l’un de mourir par le feu, d’être dévoré de lèpre dit l’autre, de perdre la vue affirme le troisième. Las de ces guerres inutiles, Narcisse quitte Jérusalem sans se défendre et sans donner d’adresse. Mais rapidement l’histoire s’écrit autrement. Le premier vaurien brûla dans l’incendie de sa maison, le corps du second ne fut qu’une plaie et le dernier, terrorisé, reconnut sa faute et pleura tant qu’il en devint aveugle…
Impossible de laisser Jérusalem sans évêque. On recherche vainement Narcisse ; en attendant, les évêques voisins nomment Germanion pour lui succéder. Puis Gordios. Tous deux meurent – nous ne savons pas leur âge. Narcisse réapparaît. Il est accueilli avec joie. Fatigué, il demande d’être aidé. L’évêque Alexandre de Cappadoce venant en pèlerinage à Jérusalem, on le prie de devenir le coadjuteur de Narcisse. Premier exemple de transfert d’évêché et d’un coadjuteur. On ne sait si Narcisse meurt en 212, à 116 ans, ou en 222, à 126 ans, comme saint Épiphane le prétend…
Étymologie du nom
De racine grecque narkô, « engourdir » et narkôtokos, « narcotique ».
C’était dans la mythologie le nom d’un personnage, Narkissos, qui fut changé en fleur pour s’être trop contemplé dans un ruisseau.
Pensée spirituelle inspirée par la vieillesse de Narcisse
« La couronne des vieillards, c’est une riche expérience. Quelle belle chose que la sagesse chez les vieillards et chez les grands du monde une pensée réfléchie » (Livre de Ben Sira).
Courte prière
« Ô Saint-Esprit, faites à mes vieux jours le don de la Sagesse et de l’indulgence, sa compagne » (Joseph Folliet).
