«Sans ma bonne et pieuse mère, je serais devenu un scélérat », dira plus tard le saint prêtre, en raison de son caractère difficile à dompter. Aîné d’une famille de six enfants, Michel Garicoïts eut la chance d’avoir des parents très pieux, n’hésitant pas à risquer leur vie, pendant la Révolution, pour cacher les prêtres réfractaires et les aider à fuir en Espagne.
Retiré de l’école à cause de l’extrême pauvreté de sa famille, et placé comme berger, il lit le catéchisme et la grammaire en gardant ses moutons. Après sa communion – retardée à cause de son manque d’instruction – à l’âge de 14 ans, désirant ardemment devenir prêtre, il trouve une place de domestique qui lui permet de financer ses études au séminaire. Sa vive intelligence lui permet de rattraper le temps perdu et d’être ordonné prêtre en 1823, à Bayonne. Dès 1825, il est nommé professeur de philosophie au séminaire de Bétharram – à 15 km de Lourdes – auquel il donne un nouvel élan spirituel et intellectuel.
Il est également aumônier de la jeune communauté des Filles de la Croix, fondée par sainte Jeanne-Élisabeth Bichier des Âges (1773-1838), qui exerce une grande influence spirituelle sur le jeune prêtre. Sa foi est irriguée par l’amour de la Vierge Marie et la dévotion au Sacré-Cœur, qui consiste, pour lui, à « honorer d’un culte spécial le Cœur adorable de Jésus, fournaise sacrée de l’amour divin et source de toutes les grâces qui tombent sur la terre ». Contemplant ce divin Cœur, il eut de nombreuses extases en célébrant l’Eucharistie.
Une congrégation missionnaire
En 1831, il est nommé directeur du séminaire et s’occupe du sanctuaire marial de Bétharram. Dans cette période post-révolutionnaire très troublée, l’abbé Garicoïts ressent l’urgence de lutter contre le jansénisme, le gallicanisme et les idées philosophiques modernistes. Il désire rechristianiser la France par le levier des écoles. « L’éducation intellectuelle, morale et religieuse est l’œuvre humaine la plus haute qui se puisse faire », écrit-il.
Au cours d’une retraite ignacienne, il ressent un appel du Sacré-Cœur à fonder une congrégation missionnaire. « Les hommes sont de glace pour Dieu ! Et parmi les prêtres mêmes, il y en a si peu qui disent, à l’exemple du divin Maître : “Nous voici !… Ita, Pater ! Oui, Père !” » Il veut former des prêtres disciples du Cœur du Christ. « Si l’on pouvait réunir une société de prêtres ayant pour programme le programme même du Cœur de Jésus […] ces prêtres seraient un véritable camp volant de soldats d’élite. »
Après avoir ouvert en 1837 une école primaire à Bétharram, il crée, un an plus tard, la société missionnaire enseignante des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, qui essaimera dans le monde entier. Sa doctrine est ancrée dans le « cri » du Sacré-Cœur entrant dans le monde à l’Incarnation, pour accomplir parfaitement la volonté du Père : « Me voici – ecce venio –, ô Dieu, pour faire votre volonté ! » Il fit de l’Ecce venio – qu’il appelait « le cantique du nouvel Adam » – la devise de sa congrégation, exhortant ainsi ses frères : « Priez pour vous exciter à vouloir ce que Dieu veut et non pour porter Dieu à vouloir ce que vous voulez », leur rappelant que « nous ne sommes sur la terre que pour accomplir la volonté de Dieu ».
L’abbé Garicoïts fut le conseiller de sainte Bernadette et le premier à la soutenir après les apparitions de Lourdes, en 1858. Il est mort le 14 mai 1863 et fut canonisé en 1947 par Pie XII, en même temps que sainte Jeanne-Élisabeth Bichier des Âges.
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- Jean-Paul Hyvernat