Saint-Malo, indépendante et fidèle - France Catholique
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Carême. La puissance de l'oraison
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Saint-Malo, indépendante et fidèle

Port ouvert sur l’Angleterre et les îles Anglo-Normandes, la cité corsaire est fière de n’être ni normande, ni bretonne, d’abord malouine !
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© djedj / Pixabay

La « république » de Saint-Malo a traversé tous les régimes, manifestant à la fois une très grande fidélité pour le royaume de France et une vigoureuse indépendance de tempérament. La cité, dont les remparts sont célèbres, est dominée par une tour que fit élever la duchesse Anne en l’honneur de ses noces avec Louis XII. La tour s’appelle Quiquengrogne, dont le nom viendrait d’un propos de la duchesse en réplique à la mauvaise humeur des Malouins qui craignaient que cette tour ne fût le symbole de la fin de leur indépendance par un rattachement administratif au royaume de France. La duchesse aurait alors dit : « Qui qu’en grogne mes bons Malouins, la tour se fera quand même. »

La ville de Cartier et de Surcouf

Saint-Malo est une ville de fortes personnalités : Jacques Cartier, fondateur du Canada français y est né. Ainsi que Pierre Porcon de la Barbinais, surnommé le « Regulus français » pour avoir conseillé à Louis XIV de repousser la proposition du dey d’Alger et être retourné à Alger pour y porter la réponse en sachant qu’il allait être décapité. Malgré les conseils qui lui avaient été donnés de rester en France, Porcon de la Barbinais mit son honneur à respecter la parole donnée au dey d’Alger pour qu’il ne fût pas dit qu’un officier français et catholique avait manqué à son serment. Il était l’oncle de Duguay-Trouin, amiral de France, lui aussi Malouin.

Liée à « France Catholique »

Robert Surcouf, surnommé le « roi des corsaires », est aussi originaire de Saint-Malo où il se fixa après ses courses très célèbres en fondant une grande maison d’armateurs avec son frère, Nicolas. Mais le personnage auquel la revue France Catholique doit le plus, est le Père Joseph de Clorivière, qui fonda avec Marie-Adélaïde de Cicé la congrégation des Filles de Marie, en pleine Terreur. La revue fut créée par le général de Castelnau, aidé de sa fille et de deux autres religieuses, toutes issues des Filles de Marie.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville fut presque totalement détruite. La reconstruction commença en 1947 et les restes du Père de Clorivière, inhumé dans l’église Saint-Roch de Paris, furent ramenés à la cathédrale Saint-Vincent. Cette étonnante cathédrale de granit à plusieurs niveaux abrite aujourd’hui de magnifiques œuvres sacrées de l’artiste contemporain Augustin Frison-Roche.

« Le Génie du christianisme »

La principale ressource actuelle de Saint-Malo est le tourisme, qui a eu l’avantage de permettre la restauration du cœur historique de la ville, des remparts et de certains des rares hôtels d’armateurs qui avaient résisté aux bombardements, dont le bel hôtel Asfeld. Le danger d’un tel succès touristique serait de transformer la ville en musée. Il faut souhaiter que les Malouins maintiennent vivante l’âme de leur ville dont l’élément le plus constant est la fidélité à l’Église et à la France.

Le plus grand témoin de cette fidélité fut François-René de Chateaubriand, dont la tombe édifiée à sa demande se trouve face à la ville sur le Grand Bé. On y accède en respectant les heures de la marée dans une marche qui s’apparente plus au pèlerinage qu’à la simple visite touristique. L’auteur du Génie du christianisme, qui mêla peut-être un peu trop de romantisme à son chant de fidélité, demeure le dernier et brillant témoin de ce tempérament à la fois loyal et aventurier.