Au XVIIe siècle, le monde de l’éducation est en effervescence. On ne compte plus les créations d’ordres religieux dédiés à l’instruction des enfants pauvres, garçons et filles. Participant de ce mouvement, saint Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719) met en place une pédagogie novatrice et performante. Ses premières écoles de garçons s’installent à la périphérie des centres urbains, là où la misère est souvent si grande.
Encouragée par Louis XIV, la pédagogie lassalienne obtient d’excellents résultats et devient progressivement la norme. Si certains éléments sont désormais considérés comme une évidence, d’autres ont été abandonnés dans la seconde moitié du XXe siècle. On les redécouvre aujourd’hui et on ne peut que constater leur pertinence. La pédagogie lassalienne est fondée sur l’expérience d’une longue pratique sans cesse analysée et réajustée, ainsi que sur une fine connaissance de la psychologie enfantine.
Groupes de niveau
Première innovation d’importance : la répartition des élèves par classes. Jusqu’alors, tous les élèves, de tout âge et de tout niveau, restaient dans la même pièce. La répartition par classe facilite l’enseignement des leçons. Dans chaque classe, les écoliers sont encore divisés en groupes de niveau – une idée abandonnée dans les années 1970, mais aujourd’hui reprise par le gouvernement… Pourquoi tant de niveaux différents ? L’objectif de Jean-Baptiste est simple : donner à chacun des leçons proportionnées à sa capacité du moment, pour éviter que certains enfants soient surchargés et que d’autres perdent leur temps. Le saint est particulièrement attentif aux plus lents et aux plus faibles : « Donner à un enfant une tâche trop forte et au-dessus de sa capacité, c’est le rebuter et l’exposer au dégoût de l’étude », note-t-il dans son livre de référence, Conduite des écoles chrétiennes, paru en 1706. Ainsi, chacun reçoit ce dont il a besoin pour progresser à son rythme.
Méthode syllabique
Une autre innovation transforme en profondeur l’enseignement. Jusqu’au XVIIe siècle, l’apprentissage de la lecture se faisait d’abord en latin, puis, dans un second temps seulement, en français. Jean-Baptiste privilégie désormais l’apprentissage de la lecture directement en français, le latin passant au second plan. Le saint pédagogue veut que l’éducation fournie par l’école soit pratique et efficace. Il utilise ce qu’on appelle aujourd’hui la méthode syllabique, et compose un syllabaire en français.
L’école lassalienne doit apporter des connaissances pratiques aux enfants, qui ne sont pas scolarisés très longtemps à cette époque. C’est ainsi que les exercices s’inspirent des besoins du monde du travail. Dans les grandes classes, on se familiarise aux quittances, contrats de travail et autres documents du même type.
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