Verlaine écrit de lui : « Benoît Labre est une gloire immense du XVIIIe siècle. Quelle pierre d’achoppement pour nos titubantes cervelles d’aujourd’hui ! » C’est vrai qu’elle est impressionnante cette vie de Benoît-Joseph, aîné de 15 frères et sœurs, originaire du Pas-de-Calais, refusé par les couvents de chartreux et les trappistes. Très instruit pour être prêtre, il ne le sera jamais. Vivant de mendicité et d’errance, il parcourt plus de 30 000 km de France en Italie, Allemagne et Espagne. Il va de sanctuaires en pèlerinages. Rome devient son port d’attache et les ruines du Colisée son abri. Il va onze fois à Lorette. Les gens de Moulins, soupçonneux de nature, l’accusent de vol et de turpitudes, mais partout ailleurs on est impressionné par ce clochard qui sent de plus en plus mauvais. Pourtant quand on l’écoute, ses paroles sont sages et souvent prémonitoires. Il décrit les ravages de la Révolution dix ans avant. Les miracles se multiplient sur son passage odorant. Il a aussi le don d’ubiquité. Ses confesseurs sont stupéfaits de la pureté de son cœur, mais quand il apprend que l’un d’eux dit du bien de lui, il s’enfuit. Passant ses journées dans les églises, il trouve le moyen de distribuer à d’autres clochards ce qu’on lui donne à manger. Il meurt, à 35 ans, épuisé près de l’église Santa Maria ai Monti, dans l’arrière-boutique d’un boucher charitable, le Mercredi saint 1783. Miracles et guérisons s’opèrent sur sa tombe.
Il est le patron de tous les vagabonds, des célibataires, des mendiants, des sans-logis, des pèlerins, des itinérants et des personnes inadaptées.
Vieux proverbes pour deux autres saints fêtés en ce jour
« Saint Drogon pluvieux, an fromenteux. »
« Gelée de saint Fructueux rend le vigneron malheureux. »
Pensée spirituelle
« J’aurai toujours la crainte de Dieu devant les yeux et son amour dans le cœur. »
Courte prière habituelle de Benoît-Joseph Labre
« Loués soient Jésus et Marie ! »
Poème de Verlaine pour sa canonisation
Comme l’Église est bonne en ce siècle de haine,
D’orgueil et d’avarice et de tous les péchés,
D’exalter aujourd’hui le caché des cachés,
Le doux entre les doux à l’ignorance humaine
Et le mortifié sans pair que la Foi mène,
Saignant de pénitence et blanc d’extase, chez
Les peuples et les saints, qui, tous sens détachés,
Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,
Comme un autre Alexis, comme un autre François,
Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
Pratiquant la douceur, l’horreur de l’Évangile !
Et pour ainsi montrer au monde qu’il a tort
Et que les pieds crus d’or et d’argent sont d’argile,
Comme l’Église est tendre et que Jésus est fort !