Rien n’est plus spirituel que l’œuvre qui aboutit à la construction de la basilique du Sacré-Cœur. Mais les circonstances et l’intention des fondateurs font qu’à cette dimension spirituelle, s’est jointe immédiatement une dimension temporelle et politique. L’initiateur de l’œuvre, Alexandre Legentil se trouvait à Poitiers, fuyant l’invasion de Paris, pendant la guerre de 1870, et assistait, désolé et impuissant, à la défaite de son pays et à l’invasion de sa ville chérie, Paris, où il était né, où il avait grandi, où il avait le lieu de ses affaires et de ses œuvres de charité.
Il résolut alors de faire le vœu, si Paris et la France étaient libérés, d’ériger un sanctuaire en l’honneur du Sacré-Cœur. Cette inspiration lui était venue quand il avait appris que la ville de Lyon, pour remercier le Ciel de n’avoir pas été envahie et démolie par les armées allemandes, avait fait le vœu d’ériger une basilique sur la colline de Fourvière. Son beau-frère, Monsieur Hubert Rohault de Fleury, se trouvait avec lui à Poitiers et fut enthousiaste quand il apprit l’initiative d’Alexandre Legentil.
L’oubli des droits de Dieu
Après de multiples rédactions qui furent soumises à de nombreux évêques, dont Mgr Pie, évêque de Poitiers, la formule définitive approuvée par l’archevêque de Paris évoquait les « malheurs qui désolent la France et [l]es malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore » et fait « amende honorable de nos péchés » en promettant de « contribuer à l’érection à Paris d’un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus ».
Il est clair que dans la pensée des auteurs de ces vœux, les péchés commis par la France et dont elle était justement châtiée, étaient des péchés de la Révolution de 1789 et non comme on l’a dit souvent, les crimes de la Commune. Lorsqu’Alexandre Legentil formula son vœu, la Commune n’existait pas. C’est donc en conséquence des péchés de la Révolution, et de l’oubli des droits de Dieu sur la France qui ont découlé, que la France subissait cette effroyable défaite. La France avait été dans l’histoire le soldat de Dieu et la protectrice des droits du Saint-Père. En conséquence de cette défaite, le Saint-Père se trouvait prisonnier et les malheurs de Rome se joignaient aux malheurs de la France. Ce Vœu était donc bien national en même temps que religieux, et il fut salué par l’archevêque de Paris, comme une manifestation de piété en même temps que de patriotisme.
Le mont des martyrs
Lorsque Mgr Guibert posa la première pierre de la basilique du Sacré-Cœur sur la colline de Montmartre, lieu qu’il avait personnellement choisi, parce que c’était le mont des martyrs…
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Retrouvez l’article complet dans notre numéro spécial consacré au Sacré-Cœur.