Rome, cité de l’âme - France Catholique
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Année sainte 2025 : la porte de l'espérance
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Rome, cité de l’âme

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© Nimrod Oren / Pixabay

S’il y a « de nombreuses demeures dans la maison du Père », comme le dit saint Jean, il en existe une qui est assurément privilégiée ici-bas, c’est Rome. Le confirme le nombre incalculable de martyrs et de saints qui ont fécondé son sol pendant de longs siècles de persécution – 300 ans ! – et dont on peut encore suivre la trace, au Colisée, dans la nécropole vaticane ou dans de nombreuses cryptes des 400 églises historiques de la ville.

Surtout, une de ses particularités est d’offrir la possibilité de visiter les saints dans leur cadre de vie familier, rues, maisons, places où ils vécurent et moururent. Ce sont notamment les fameuses « chambres » de sainte Catherine de Sienne, saint Ignace, saint Philippe Neri, saint Jean Bosco, sainte Brigitte… « Des amis », dira sainte Thérèse de Lisieux lors de son voyage à Rome, qui exhalent encore un parfum si propre à cette cité des saints : le « parfum de Rome » évoqué par le journaliste Louis Veuillot, qui y trouva la lumière intérieure, et pour qui « Rome est la ville du Saint-Sacrement (…), son Maître adoré ; elle n’en veut point d’autre. La force brutale et l’ensorcellement du monde ne parviendront pas à séparer Rome de Jésus-Christ. Quoi qu’il arrive, cette ville se gardera cœur et âme au roi Christ. (…) Personne ne gouvernera Rome avec un autre sceptre que la houlette de Pierre, vicaire de Jésus-Christ. »

Sans doute fallait-il la clarté et la concision du style français pour résumer cet inimitable esprit romain. Car de par son lien avec Rome depuis Clovis et Pépin le Bref, il a si bien infusé l’histoire de notre pays que même la persistance latente d’un certain gallicanisme n’a pas réussi à le déraciner. Faut-il s’étonner dès lors qu’en même temps que l’Année sainte qui verra converger les regards vers la Ville éternelle, la France pourra s’enorgueillir des plus beaux fruits de cette alliance jamais démentie à travers les siècles ? En 2025, nous fêterons ainsi le centenaire de la sainteté de trois d’entre eux : le Curé d’Ars, Jean Eudes et Thérèse de Lisieux. En reconnaissant leur esprit évangélique et leur admirable imitation de Jésus-Christ, le pape Pie XI a mis en valeur la façon dont ils ont parlé, avec un tour bien français, du Cœur de Jésus qui réside dans l’Eucharistie. Sainte Thérèse écrivait ainsi, dans ses Manuscrits, qu’à travers la sainte Communion, « il [l’]instruisait en secret des choses de son amour ».

« L’air de Rome »

Certains en tireront peut-être la conclusion qu’il n’est pas besoin de se rendre à Rome pour profiter du trésor de grâces, de renouvellement et de conversion, offert par la spiritualité des saints lors de cette Année jubilaire. Ce serait méconnaître que Rome, comme le disait le chanoine Marcel Bruyère, « c’est le sein maternel. Seulement pour le comprendre et le sentir, il faut venir à Rome en l’aimant. L’amour est le guide indispensable et nécessaire à Rome… ».

Pour ce prêtre féru de belles lettres, nul antagonisme entre les deux patries, celle de l’âme et celle du sang : Rome est « la patrie commune de tous ceux qui ont une patrie particulière. Nous n’avons jamais mieux saisi la grandeur de la France que dans Rome. (…) Quand nous remettrions le pied sur le sol natal, nous rapporterions quelque chose de cet air de Rome, si suave et si fortifiant, pour en nourrir, pendant des années, la vie publique de la patrie ».

Bonne et sainte année !