« Rien de profane ne peut trouver place dans une église sacrée » - France Catholique
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Comment sauver nos clochers ?
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« Rien de profane ne peut trouver place dans une église sacrée »

Responsable de la commission d’art sacré du diocèse de Luçon, l’abbé Renaud Bertrand revient sur la question des « usages compatibles ».
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© Jacqueline Macou / Pixabay

Malgré le recul de la pratique religieuse, les Français restent attachés à leurs églises. Comment l’expliquez-vous ?

Abbé Renaud Bertrand : Nous sommes dans une culture de tradition chrétienne, notre société est marquée par l’Église. Avant qu’il y ait des communes, il y avait des paroisses. Dans une société sécularisée, les églises permettent encore aujourd’hui de s’élever, ne serait-ce que par l’architecture : le clocher, au cœur des villages, élève nos regards vers le Ciel. Sans cet édifice, tout redevient horizontal.

Avec la dégradation de nombreuses églises, la question d’un usage compatible avec le culte se pose désormais. Qu’est-ce qui peut être jugé « compatible » ?

Rien de profane ne peut trouver place dans une église sacrée. L’église est le lieu de rencontre entre Dieu et son peuple. Ce qui pourrait être compatible doit découler d’une vie évangélique et rapprocher l’homme de Dieu. Par exemple, une exposition d’art sacré peut avoir sa place dans une église, à l’inverse d’une exposition profane. Si nous limitons l’usage de nos églises à la célébration des sacrements et à la prière communautaire, le risque est grand que de nombreux maires ferment leurs églises, au motif qu’il n’y a plus d’offices. Pourtant, beaucoup de gens entrent dans une église pour la visiter et vont y chercher le silence, et une certaine paix que l’on ne trouve pas ailleurs. Ils y allument un cierge en signe de prière. Ils sont dans un lieu unique qui élève l’âme. On peut y vivre des réalités autres que le culte mais qui portent à la foi, l’espérance et la charité – ces trois vertus théologales qu’il faut cultiver. Il faut que cela soit bien géré pour ne pas dénaturer le lieu sacré selon la foi catholique.

Le patrimoine religieux est aussi immatériel. Est-ce que le regain de la piété populaire peut attirer plus de monde dans nos églises ?

Nous sommes témoins d’un renouveau de la piété populaire et le Saint-Père l’a bien compris en venant l’an dernier en Corse conclure le colloque organisé sur ce thème. Les processions, les demandes de bénédictions, les visites aux crèches durant le temps de Noël et de l’Avent, les concerts spirituels et bien d’autres réalités en sont des exemples. Il y a là un terrain à creuser. Non seulement nous faisons vivre nos églises-bâtiments, mais nous offrons une nourriture spirituelle à l’Église, ce peuple en marche vers la Cité sainte.