Qu'est-ce qu'être français ? - France Catholique
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Sainte Bernadette, sa vie cachée
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Qu’est-ce qu’être français ?

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Le baptême de Clovis par saint Remi.

Le baptême de Clovis (détail) par saint Remi, v. 1500, maître de Saint Gilles. © National Gallery of Art, Washington, D. C.

François Bayrou entend ouvrir un large débat sur le thème : « Qu’est-ce que c’est qu’être Français ? » Est-ce par habileté politique, la modification législative à propos du droit du sol à Mayotte ne faisant pas l’unanimité de son propre gouvernement ? Peu importe, la question de l’identité du peuple français est essentielle. Elle se pose aujourd’hui avec une particulière acuité du fait des difficultés d’intégration d’une vague migratoire qui n’a jamais été aussi massive dans notre passé. La querelle dite du « grand remplacement » a pris un nouvel élan, depuis que Jean-Luc Mélenchon a admis la réalité d’un changement de population qui modifie en profondeur la substance du pays.

On sait que le dirigeant de La France insoumise a introduit le concept de « créolisation », repris du poète martiniquais Édouard Glissant, pour signifier la possibilité d’une mutation culturelle décisive en cas de fusion de plusieurs rameaux de population. Curieusement, il a fait l’impasse sur l’aspect religieux, qui serait secondaire. C’est pour le moins une étonnante dérobade, s’agissant de l’Amérique latine de Glissant, dont la christianisation est le fait majeur, avec une évangélisation qui a sauvé les peuples indigènes de l’emprise des anciens cultes terriblement meurtriers (cf. Ceux qui devraient demander pardon. La légende noire espagnole et l’hégémonie anglo-saxonne, Marcelo Gullo Omodeo, L’Artilleur).

Paul Valéry a défini l’esprit européen dans une formule souvent reprise : « Toute race et toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée, et soumise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. » D’évidence, une telle définition est susceptible de bien des nuances, compte tenu des aléas de l’histoire, du développement des nationalités, des divisions confessionnelles. Mais elle n’est guère contestable dans sa généralité. De ce point de vue, la France est bien européenne, ne serait-ce qu’en raison de sa propre formation. On connaît aussi la célèbre déclaration du général de Gaulle : « Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. L’élément décisif, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien, et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs. »

L’illusion du multiculturalisme

On peut opposer à cette donnée historique la déchristianisation actuelle, mais elle n’empêche pas une continuité profonde que la restauration de Notre-Dame de Paris a ranimée aux yeux du monde entier. Et puis la différence de civilisation est redevenue sensible avec l’arrêt des processus de mondialisation.

La créolisation ne joue que sur des aspects secondaires. Toute terre d’islam réduit les chrétiens à une situation de dhimmitude. Et l’exemple du Liban, qui nous est si proche, montre l’illusion du multiculturalisme. Il ne débouche que sur des luttes civiles infinies. Non, la question de notre identité n’est pas à rejeter. Elle est à réexaminer dans un souci de clarification et de paix sociale.