La fête fut d’abord instaurée chez les franciscains par saint Bonaventure, au XIIIe siècle, puis étendue à toute l’Église par le pape Urbain VI au XIVe siècle. L’épisode est relaté dans l’évangile selon saint Luc. Marie part avec empressement sous l’action de l’Esprit-Saint en Judée et rentre dans la maison de Zacharie, dont la femme stérile, Élisabeth, est miraculeusement enceinte.
L’enfant de cette dernière, saint Jean-Baptiste, trésaille dans le ventre de sa mère à la salutation de Marie, poussant Élisabeth à s’exclamer : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » C’est alors que Marie répond par le Magnificat – « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! » –, devenu pour l’Église un cantique plein de foi, d’action de grâce et d’espérance.
La charité fraternelle
L’Église a toujours vu dans l’empressement de la Vierge enceinte à se rendre auprès de sa cousine l’élan de la charité fraternelle, l’Évangile expliquant que Marie est restée avec Élisabeth « environ trois mois ». Benoit XVI expliquait : « Celui qui aime s’oublie soi-même et se met au service du prochain. Voilà l’image et le modèle de l’Église. […] Le fait que [Marie] soit totalement auprès de Dieu est la raison pour laquelle elle est également si proche des hommes. Elle peut ainsi être la Mère de toute consolation et de toute aide, une Mère à laquelle, devant chaque nécessité, quiconque peut oser s’adresser dans sa propre faiblesse et dans son propre péché, car elle comprend tout et elle est pour tous la force ouverte de la bonté créatrice. La Vierge Mère est consciente d’avoir une mission à accomplir pour l’humanité et que son histoire personnelle s’insère dans l’histoire du salut. »
Cet élan missionnaire, poussé par l’action de Dieu, doit aussi se retrouver en chacun, continue le pape allemand : « Nous ne devons pas seulement porter le Christ dans notre cœur, mais nous devons le porter au monde, de sorte que nous puissions aussi engendrer le Christ pour notre temps. »