Les nazis pratiquèrent méthodiquement l’euthanasie des êtres qu’ils jugeaient indignes de vivre. En 1939, les médecins durent signaler les naissances d’enfants mal formés qui furent assassinés ou livrés à des essais cliniques. Un décret d’Hitler, resté secret, autorisa la même année l’euthanasie des malades mentaux et permit à des médecins « d’accorder la délivrance par la mort aux personnes […] déclarées incurables » après examen médical.
Les directeurs d’asile furent chargés de signaler les patients atteints de schizophrénie, d’épilepsie, de démence sénile, de paralysie générale, de maladies syphilitiques ou d’affections neurologiques en phase terminale. Leurs dossiers étaient examinés par une commission chargée de fixer leur sort. « Les personnes sélectionnées étaient ensuite transférées dans six centres de mise à mort, et gazées au monoxyde de carbone dès le début des années 1940 », écrit Grégor Puppinck dans La Promotion de l’euthanasie au XXe siècle.
Le poids d’un évêque
Dénommé « Aktion T4 », ce programme d’élimination prit une telle ampleur qu’il ne put rester secret, malgré la discrétion des nazis : 70 000 personnes, selon les nazis, 275 000, selon le tribunal de Nuremberg, furent tuées entre janvier 1940 et août 1941. Le Saint-Siège condamna ces crimes dès octobre 1940. Puis l’évêque de Munster, Mgr Clemens von Galen, dénonça le 3 août 1941, dans un sermon resté célèbre, « une doctrine terrible qui […] légitime le massacre violent des personnes handicapées qui ne sont plus capables de travailler, des estropiés, des incurables, des personnes âgées et des infirmes ! ». Bien que furieux, Hitler décida l’arrêt de l’Aktion T4, mais l’euthanasie de ces populations se poursuivit jusqu’à la fin de la guerre de façon sournoise, malgré sa condamnation par Pie XII dans l’encyclique Mystici corporis (29 juin 1943) : « Le sang de ces êtres, plus chers à notre Rédempteur précisément parce qu’ils sont dignes de plus de commisération, crie de la terre vers Dieu. »