En France, on connaît l’Inde du Mahatma – « grande âme » – Gandhi et sa doctrine fondée sur la non-violence. On célèbre souvent « la plus grande démocratie du monde » – 1,4 milliard d’habitants –, son cinéma fécond – Bollywood – et la qualité de ses milliers d’ingénieurs… On connaît moins une autre réalité : les violences interreligieuses orchestrées par les nationalistes hindous.
Des millions de croyants en souffrent, dont les 200 millions de musulmans et les 71,1 millions de chrétiens indiens – 5 % de la population. Ces derniers sont particulièrement visés, en haine du message évangélique d’amour et de liberté qui fragilise le système inégalitaire des castes, fondement de l’hindouisme. Les plus persécutés sont les convertis. Parmi eux, de nombreux dalits – les « intouchables » –, ostracisés par le système.
Éradiquer la présence chrétienne
Le dernier rapport publié par l’ONG protestante Portes ouvertes est édifiant. Classée au onzième rang des treize pays en situation de « persécution extrême », l’Inde a connu une année noire : 2 332 chrétiens emprisonnés, 161 tués – neuf fois plus qu’en 2022 – ; 2 228 églises ou écoles et 5 900 propriétés de chrétiens attaquées. Ces violences sont le fait de foules déchaînées, comme dans l’État du Manipur, en mai 2023 – 400 églises attaquées, 160 personnes tuées.
Les hindouistes radicaux, chauffés à blanc par un mélange détonnant de nationalisme outrancier et de totalitarisme religieux, agissent souvent au nom des lois anti-conversion, entrées en vigueur depuis 2014 dans onze des vingt-huit États indiens. Ils en ont fait une arme pour éradiquer la présence chrétienne. Les fausses accusations de conversions conduisent à ces violences.
Les États non dotés de cette loi anti-conversion sont aussi concernés, comme si la liberté religieuse n’avait plus sa place en Inde, État officiellement laïc. Même les Missionnaires de la Charité, l’organisation fondée par Mère Teresa – décédée en 1997 –, se sont vu interdire de recevoir des dons de l’étranger. Le chef hindouiste de l’Uttar Pradesh – 200 millions d’habitants, l’État le plus peuplé – les accuse de « participer à un complot pour christianiser l’Inde ». Les croyants s’accrochent à « quelques rayons de lumière » : l’État du Karnataka – 62 millions d’habitants –, matrice de la « nouvelle économie » indienne, a annoncé une révision de sa loi anti-conversion.
« Retour à la maison »
Les autorités officielles ne sont pas directement en cause, mais leur idéologie et leur complaisance renforce l’impunité des persécuteurs.
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