Dans son retable du Jugement dernier, Fra Angelico représente le séjour paradisiaque comme une ronde des saints avec les anges au sein d’un jardin verdoyant et fleuri. La fête de la Toussaint rappelle à chaque baptisé qu’il est promis à ce royaume s’il conforme sa vie à celle de son Maître. Les saints ne sont pas seulement ceux qui furent solennellement canonisés par l’Église, mais aussi toutes les âmes droites qui sont jugées dignes de participer à la vie divine.
Depuis les tout premiers siècles, l’Église a eu à cœur de célébrer les martyrs, puis tous les autres saints, d’abord au dimanche de l’octave de la Pentecôte, puis au 1er novembre à partir du VIIIe siècle, le premier sanctuaire consacré à tous les saints et martyrs étant le Panthéon de Rome. Louis le Pieux ordonna cette fête dans tout l’empire carolingien, mais elle ne devint fête d’obligation que sous le pontificat de Pie XI (1914). Cette célébration est comme une porte qui s’ouvre sur l’éternité. Il faudra passer par la mort pour en goûter toutes les nuances. Lorsque nous récitons la litanie des saints, nous sommes entraînés dans cette procession sans fin qui habite le Ciel. Il s’agit de se préparer ainsi à la vision béatifique. Comme l’écrit sobrement saint Augustin : « Là nous verrons, aimerons et louerons Dieu » (Commentaire sur la première Épître de saint Jean).
Cette solennité nous invite à la contemplation qui sera notre être dans l’éternité. Ainsi nous aide-t-elle à apprivoiser la mort en l’entendant s’approcher à petits pas. Le bienheureux cardinal Newman disait justement : « L’amour du ciel est le seul chemin vers le ciel. » Cela rejoint saint François de Sales dans son Traité de l’Amour de Dieu : « La vie, c’est le temps de chercher Dieu, la mort, le temps de Le trouver, l’éternité, le temps de Le posséder. » Il est donc bon de regarder vers les saints avant de prier, le lendemain, pour le repos des âmes des fidèles défunts. L’espérance réside alors dans notre cœur qui, sinon, risquerait de s’abîmer dans la tristesse sans fond.