«Revenir au réel, c’est d’abord apprendre à regarder, écouter, sentir, goûter ce qui est beau », assure Valérie d’Aubigny, co-animatrice d’« Apprendre à voir ». Cette formation, proposée par l’association Ichtus, a pour but d’éduquer les enfants et les jeunes à la beauté, par le patrimoine. Un réel auquel il est urgent de revenir, dans une société où les évidences mêmes sont niées. Comment faire ?
« Cela passe par l’apprentissage de la contemplation et de l’émerveillement au quotidien. La beauté n’est pas un luxe. Elle est accessible à tous, on peut la trouver en tout. C’est une question de regard, de qualité d’observation, d’ouverture de l’esprit et du cœur. Cela s’apprend dès tout petit, par l’éveil des sens », encourage Valérie d’Aubigny. Un travail au quotidien, que cette mère de famille invite les parents à faire avec leurs enfants : écouter les cloches d’une église, une belle musique, le chant des oiseaux, regarder les fleurs, l’architecture, s’étonner de ce que l’on voit, sent, entend, touche… « Le beau est une nourriture, il faut apprendre aux enfants à la déguster ! »
Corps, cœur et esprit
Loin d’être superflue, cette éducation à la beauté ramène aussi à la réalité de notre nature humaine incarnée. Une conviction que partageait l’intellectuel catholique Jean Ousset, fondateur d’Ichtus : « Le beau, c’est la vie même, à condition de la considérer d’un œil un peu contemplatif. » Bien loin d’un cours d’histoire de l’art, la formation initie à contempler les œuvres d’art, trésor de notre patrimoine universel.
Dans cette attention à la beauté, toutes les parties de notre être sont touchées et se mettent à l’unisson, sans que nous en ayons conscience : le corps, par les sens qui perçoivent la beauté, l’esprit, qui en perçoit la vérité, et le cœur, qui en goûte la joie. « Cela permet un réalignement profond de tout l’être, c’est très unifiant », prévient Valérie d’Aubigny. « La beauté séduit la chair pour obtenir la permission de passer jusqu’à l’âme », résumait la philosophe Simone Weil (La Pesanteur et la Grâce).
Cette formation est particulièrement adaptée à notre époque, constate Valérie d’Aubigny : « Les gens sont conquis par le beau et les bonnes idées rentrent sans besoin de faire des discours ! Le beau permet une conquête de l’intelligence ! » C’est précisément pour montrer la beauté de la civilisation occidentale et de la culture chrétienne aux personnes qui ne partageaient pas sa foi et ses idées que Jean Ousset avait inventé cette formation, uniquement par l’observation et la description d’œuvres d’art. Quoi de mieux qu’un beau tableau pour montrer la complémentarité de l’homme et de la femme, ou la féminité ?
« L’éducation de la sainteté »
Éduquer à contempler la beauté est donc un puissant outil pour revenir au réel. Et donc à la vérité. Ce qui faisait écrire au philosophe Victor Cousin, au XIXe siècle : « Le beau est indissociable du vrai et du bien. De ce fait, il participe étroitement à l’éducation à la sainteté. » Ainsi, toute beauté contemplée nous ramène à notre vocation profonde : contempler dans l’éternité la Beauté et la Vérité absolues. « Notre intelligence, notre sensibilité sont faites pour l’être infini, parfait, la suprême beauté, dont toutes les beautés terrestres sont des reflets », rappelle le philosophe Frédéric Guillaud, chroniqueur à France catholique. « C’est aussi le but des belles églises, de la belle liturgie. La beauté nous révèle quelque chose qui nous dépasse, elle fait lever les yeux », rappelle Valérie d’Aubigny. « Il faut prier sur de la beauté », résumait saint Pie X.
Apprendre à voir : journée de présentation du cursus à Paris les 11 et 12 octobre 2024.
Renseignements : ichtus.fr
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