Que l’on regarde Quo Vadis ?, La Tunique, Ben-Hur ou La Résurrection du Christ (Risen), plus récent, le décor et l’époque sont les mêmes : une Jérusalem sous la coupe des Romains, où les relations entre l’élite juive, l’occupant et un certain Jésus ressemblent plus à une poudrière qu’à une paisible cohabitation. La fine pointe est que ces péplums reposent sur la même dynamique : celle d’un cœur endurci, ou d’un sceptique, qui finit par se convertir à la foi chrétienne.
Adapté du roman d’Henryk Sienkiewicz, tourné en 1951 à… Cinecittà, Quo Vadis ?, de Mervyn Le Roy (1951), relança le genre dans les années cinquante – « relança » car il faudrait citer, avant-guerre, Le Signe de la Croix, de Cecil B. De Mille (1932), « apologie de l’héroïsme des martyrs chrétiens et dénonciation de la sauvagerie des mœurs décadentes romaines » (Laurent Dandrieu, Dictionnaire passionné du cinéma).
D’immenses succès au box-office
Dans Quo Vadis ?, le brun Robert Taylor incarne le général Marcus Vinicius amoureux de la chrétienne Lygie, lors du règne de Néron, pas vraiment le plus modéré des persécuteurs. La reconstitution est somptueuse, l’incendie de Rome spectaculaire et la scène des chrétiens jetés aux lions dramatique à souhait. À la fin du film, un chœur entonne : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Le message salvifique est bien là. Ce long-métrage – le plus cher jamais réalisé à l’époque – permit à la MGM d’engranger un bénéfice de 5,5 millions de dollars. Car ne soyons pas naïfs : si ces films servent la bonne cause, Hollywood est avant tout pragmatique et la vogue des péplums s’explique aussi par leur succès commercial.
Même processus dans La Tunique d’Henry Koster – le premier film tourné en CinemaScope, en 1953, et, là encore, un immense succès au box-office. Incarné par Richard Burton, le tribun romain Marcellus est exilé à Jérusalem pour avoir défié Caligula sur un marché aux esclaves. Sommé de surveiller la Crucifixion, il gagne aux dés la tunique de Jésus. Au contact du vêtement, la grâce agit et il se convertit, ainsi que son esclave Démétrius. Jusqu’au martyre.
50 000 figurants, 350 rôles, onze Oscars… Ben-Hur (William Wyler, 1959) reste, dans les mémoires, comme l’archétype du péplum. Regard bleu acier et mâchoire carrée, Charlton Heston campe le prince Judah Ben-Hur. Quand il retrouve son ami d’enfance Messala, sa joie est de courte durée. Ce dernier est devenu commandant des légions romaines en Judée. Impossible pour l’héritier d’une prestigieuse lignée juive d’approuver cette promotion ! Piqué au vif, Messala le fait envoyer aux galères. Sa mère, Miriam, et sa sœur, Tirzah, sont arrêtées et Ben-Hur n’a qu’une idée : les libérer et se venger de Messala.
Guéries par le sang du Christ
Ajoutez-y la mythique scène de chars et voilà le film propulsé numéro un au box-office en 1960. Après, libre à chacun d’accueillir la dimension messianique dans le secret de son cœur. Notamment avec la scène d’un miracle – assez kitsch, avouons-le, c’est la marque des péplums – où l’orage éclate, la terre tremble et la pluie tombe, comme lavant la terre de Judée. Miriam et Tirzah, lépreuses et réfugiées dans une cavité au pied du Golgotha, sont guéries par le sang et l’eau s’écoulant des plaies du Christ : sublimation du mystère de la Rédemption.
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