Selon la tradition, c’est du Cœur de Jésus qu’a jailli l’Esprit Saint. L’apôtre Jean le comprit au pied de la Croix, quand il vit « jaillir du sang et de l’eau » du Cœur transpercé de Jésus (Jn 19, 34). Mais sans doute en avait-il eu l’intuition quelques heures plus tôt, en posant sa tête sur le Cœur de Jésus, pendant la dernière Cène : le disciple que Jésus aimait fut alors « enivré de l’Esprit », assure saint Paulin de Nole, théologien du Ve siècle. C’est aussi ce qu’affirme le Père Francis Larkin : Jean « fut rempli de l’Esprit Saint, Esprit d’amour, qu’il reçut quand il reposa sa tête sur la poitrine de Jésus et qu’il entendit les battements de son Cœur », écrit ce théologien américain, directeur national de l’Intronisation du Sacré-Cœur (Comprendre le Cœur de Jésus, 1977).
« En toi, toutes nos sources »
Dans l’Ancien Testament, de nombreux textes présentaient déjà le Cœur du Christ comme une source d’eau vive d’où s’écouleraient toutes ses grâces. « Ô source des jardins, puits d’eaux vives qui ruissellent du Liban ! », chante la fiancée du Cantique des cantiques à son bien-aimé (Ct 4, 15) ; « Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du Salut », ajoute le prophète Isaïe (Is 12, 3) ; « En toi, toutes nos sources ! », affirme le psalmiste (Ps 86).
Au cours de sa prédication, le Christ fait écho à ces prophéties quand il déclare : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : “De son cœur couleront des fleuves d’eau vive.” » Jean, qui écrit son Évangile après la Résurrection du Christ, précise clairement la signification de cette eau : « En disant cela, [Jésus] parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. En effet, il ne pouvait y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jn 7, 37-39).
C’est donc seulement après la Passion du Christ et sa Résurrection que cette prophétie s’accomplit, lors de la Pentecôte, comme l’explique le Père Francis Larkin : « C’est le Cœur ouvert de Jésus qui nous donne le Saint-Esprit : l’eau vive de la plaie du côté ouvert de Notre-Seigneur glorifié a répandu dans l’Église, depuis le jour de la Pentecôte, les grâces méritées pour nous par le Cœur de Jésus brisé après la mort. » Ce jubilé des apparitions ouvre en grand la porte du Sacré-Cœur, pour vivre la Pentecôte de manière renouvelée.