La capitale du Béarn fut une ville royale et s’en souvient. Elle ne trouve pas dans son passé, chose rare en France pour un chef-lieu de département, de traces de tribus gauloises ou d’oppidum romain. Mais l’hôtel Roncevaux rappelle tout de même que Charlemagne et ses preux sont passés par ici et que le grand combat où le futur empereur à la barbe fleurie vengea la mort de son neveu et défit l’émir Marsile, se déroula dans la plaine au pied des Pyrénées. Le château dans lequel naquit Henri IV est toujours là et voit, à intervalles réguliers, les descendants de ce roi, le plus populaire que nous ayons connu, se retrouver pour célébrer leur ancêtre.
Vue unique sur les Pyrénées
La situation géographique de Pau, dominant le Gave du haut d’une grande falaise, a permis la création d’un boulevard des Pyrénées qui offre aux visiteurs une vue unique sur la chaîne des montagnes, qui en cette saison sont encore enneigées. Le train qui desservit Pau à la moitié du XIXe siècle a conduit dans cette ville une grande partie de l’aristocratie européenne qui y fit édifier de très beaux hôtels particuliers encore occupés aujourd’hui. Certains sont devenus des hôtels de prestige pour voyageurs, le tourisme étant toujours bien présent à Pau. L’air de la montagne se mêle à celui de la mer et la proximité du Pays basque donne aux villages de montagne une architecture rare et émouvante. La cuisine y est très traditionnelle : on y mange encore la garbure et, bien entendu, la poule au pot. En dégustant une excellente charcuterie de la région on songe avec tendresse au mot du roi béarnais qui arrivant au Louvre et admirant les caissons, s’écria : « De si beaux plafonds et pas un seul jambon ! »
Les meilleurs soldats
Après une origine ducale et, un temps royale, Pau est devenu ville parlementaire. Les gens de justice y sont toujours chez eux. Elle fut aussi une ville de soldats et l’on disait que les Béarnais et les Basques étaient les meilleurs soldats du monde. Bernadotte y naquit dans une famille d’avocats et devint maréchal des troupes napoléoniennes. Après avoir épousé Désirée Clary, premier amour malheureux de Bonaparte, il devint roi de Suède puis de Norvège. Ses descendants occupent toujours le trône de Stockholm… On trouve aussi à Pau l’important musée consacré au parachutisme militaire et c’est encore ici que les engagés qui choisissent les troupes aéroportées passent les épreuves de leur brevet parachutiste.
Maison diocésaine et bénédictine
L’événement qui, aujourd’hui, émeut la ville et fait parler les gazettes, est la décision prise par Mgr Marc Aillet, évêque du diocèse de Bayonne, de donner à un prieuré issu de l’abbaye de Lagrasse les bâtiments naguère occupés par les jésuites. En inaugurant cette fondation le 11 octobre 2023, Mgr Aillet et le prieur de Lagrasse apposèrent une plaque commémorant la présence pendant 150 ans de la Compagnie de Jésus et notamment celle de l’un de ses novices, Jacques Berthieu, qui mourut martyr à Madagascar et fut canonisé en 2012 par Benoît XVI. Le projet de cette maison diocésaine est très bénédictin dans l’esprit. Il s’agit de réunir dans cet immense complexe architectural, un Ehpad déjà existant, une crèche pour les petits enfants et un foyer d’étudiants. La population pourra y trouver une médiathèque et des cabinets de consultation médicale y sont aussi prévus. Il s’agit donc d’une vie sociale unie à la vie de prière des quatre chanoines de Lagrasse qui habiteront le lieu. Les activités profanes se dérouleront à l’ombre de l’Église et sous sa protection. Les locaux se trouvent rue Montpensier, au cœur de la ville, manifestant ainsi une renaissance catholique en actes. Fière de son passé et de son actuelle prospérité, Pau fait vivre ses traditions et trouve toute sa place dans la France d’aujourd’hui. Elle conjugue naturellement ordre et progrès, art de vivre et fidélité au meilleur de son histoire.