Padre Pio, une vie sous le signe de la Croix - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Padre Pio, une vie sous le signe de la Croix

© Elia Stelluto

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Padre Pio présente le berceau de l’Enfant-Jésus en célèbrant la messe de Noël dans l’église Santa Maria delle Grazie, à San Giovanni Rotondo, en 1959.
© Elia Stelluto

Padre Pio, une vie sous le signe de la Croix

Toute la vie de Padre Pio est un témoignage de son amour pour le Christ, jusqu’à se conformer à sa Passion. France Catholique en publie des photos inédites.
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Jamais la place Saint-Pierre n’accueillit une telle foule : 600 000 fidèles, le 2 mai 1999, pour la béatification de celui qui, dans le cœur de tous, était déjà un saint. Trois ans plus tard, le 16 juin 2002, Jean-Paul II canonisa l’humble capucin sous le nom de saint Pio de Pietrelcina. Mais c’est toujours « Padre Pio » qui est invoqué car le saint fut un père pour le peuple de Dieu.

Son caractère à la fois simple, tendre et rugueux, reflétait bien l’âme des habitants des Pouilles, une région pauvre du sud de l’Italie. Il naît le 25 mai 1887 à Pietrelcina, où ses parents, Grazio et Maria Forgione, possèdent une petite propriété terrienne. Francesco est le deuxième garçon du couple. Trois filles naîtront plus tard, suivies de trois bébés morts en bas âge. Très tôt, vers l’âge de 5 ans, l’enfant rencontre son ange gardien. Il a des visions célestes et commence à être tenté par le démon, mais n’en parle à personne car il pense que tous goûtent aux mêmes privilèges que lui. À 12 ans, il est marqué par sa confirmation, ayant « l’impression d’être tout entier dévoré par une flamme très vive qui brûle et détruit sans faire souffrir ». Tout naturellement attiré par la vie religieuse, Francesco décide donc à 15 ans de quitter son pays natal accompagné de son curé et de son maître d’école, pour rejoindre à 30 kilomètres de là, à Morcone, le noviciat des capucins.

La bure de saint François

Dans un climat extrêmement rigoureux et austère, Francesco Forgione reçoit alors la bure de saint François et son nouveau nom de religieux : Fra Pio da Pietrelcina. Il se distingue par son amour du silence et de la prière, et plusieurs frères remarquent que le jeune novice verse d’abondantes larmes lors de la célébration de la messe ou de l’oraison. Par discrétion, Fra Pio prend l’habitude d’étendre son mouchoir à ses pieds pour éponger ses pleurs qui forment de petites flaques. Le 27 janvier 1907, à l’âge de 19 ans il prononce ses vœux perpétuels, qui le bouleversent : « À partir de ce jour, une crainte sacrée et un saint amour pour Dieu prirent en moi une proportion vertigineuse. » Son ordination, le 10 août 1910, est comme « un avant-goût de paradis » et les mots notés, le lendemain, pour sa première messe, résument toute sa vocation : « Jésus, mon souffle et ma vie, aujourd’hui, en tremblant, je t’élève dans un mystère d’amour. Qu’avec toi, je sois, dans le monde, Voie, Vérité et Vie et pour toi prêtre saint, victime parfaite. »

Ce programme sacerdotal, qui se veut plein de joie, est cependant marqué par des heures sombres. Padre Pio est frappé par des maladies inexplicables pour les médecins, avec des fièvres pouvant atteindre 48 degrés ! Ses interminables convalescences rendent sa vie impossible au monastère et il vit très mal le fait d’être séparé quelque temps de son ordre – d’autant plus que le diable a décidé de ne jamais le laisser tranquille. Refusant de se laisser intimider par celui qui va jusqu’à singer l’apparence de son ange gardien ou de son directeur spirituel, le prêtre capucin donne au démon des surnoms burlesques : « Barbe bleue », « le Cosaque », « le Moustachu ».

Le cœur transpercé par un trait d’amour

Cependant, le combat n’est supportable que parce qu’il reçoit au plus fort des épreuves de grandes grâces mystiques. Il y aura la fusion des cœurs, qu’il rapporte le 18 avril 1912 : « Mon cœur et celui de Jésus ont fusionné. » Quelques mois plus tard, le 26 août, il vit une « blessure d’amour » après la communion eucharistique : « Je me sentis tout à coup le cœur transpercé par une lance de javelot si vif et si ardent que je crus en mourir. » Le 5 août 1918, Padre Pio vit une nouvelle transverbération [transpercement spirituel du cœur par un trait enflammé d’amour, NDLR]. La blessure, qui touche l’âme au cœur, comme le Christ en croix, prépare le moine capucin à la réception des stigmates, le 20 septembre suivant. Ce jour-là, un personnage mystérieux, semblable à celui qu’il voit lors des transverbérations, apparaît quand Padre Pio fait son action de grâce après la messe. Subitement, traversé par une douleur indicible, le religieux voit ses mains, ses pieds et son côté transpercés.

Son identification totale au Christ fera désormais du religieux un signe de contradiction et de division : saint homme pour les uns, mystificateur pour les autres. Les pèlerins et les curieux affluent au couvent de San Giovanni Rotondo et prennent place dans l’église dès 4 h 30 du matin pour assister à ses messes qui durent deux heures. La célébration terminée, Padre Pio doit fuir ceux qui sont venus lui demander conseil ou embrasser ses mains, dont les plaies sont cachées sous des mitaines. D’autres visiteurs, cardinaux et médecins, sont envoyés à dessein pour examiner le stigmatisé.

Fallait-il qu’il souffre pour l’Église et par l’Église ? Padre Pio a connu des mises à l’écart qui s’apparentent à des persécutions. Abasourdi par la dureté des sanctions vaticanes, il se montrera toujours obéissant, répondant par ces seules paroles : « Que la volonté de Dieu soit faite. »

100 000 personnes à ses funérailles

Une telle vie crucifiante trouvera son accomplissement au confessionnal, où, du matin au soir, le capucin lit dans les âmes et pleure abondamment sur les péchés dévoilés. Il lui faut cinq minutes pour convertir des francs-maçons notoires. Peu rebutés par des directions spirituelles parfois rudes, les pécheurs attendent devant l’église à partir de 2 heures du matin pour recevoir le sacrement de pénitence.

Sous le poids des croix morales, physiques et spirituelles, Padre Pio voit ses forces décliner. Il célèbre sa dernière messe le 20 septembre 1968, cinquantième anniversaire de l’apparition de ses stigmates. Lui ne voulait pas de cet hommage, mais ses frères capucins et les groupes de prière venus du monde entier – il y en a aujourd’hui 3500 ! – l’entourèrent sans savoir qu’il vivait ses derniers instants sur terre. Dans la nuit du 22 au 23 septembre, après s’être confessé et avoir renouvelé sa profession religieuse, il fixa l’image de la Sainte Vierge en murmurant sans cesse les noms de Jésus et de Marie. À 2 h 30 du matin, le serviteur souffrant rendit l’âme et ses frères constatèrent que toutes les plaies aux pieds et aux mains avaient disparu sans laisser de trace. Cent mille personnes assistèrent aux funérailles de Padre Pio, qui repose désormais dans la crypte du couvent de San Giovanni Rotondo.