Nouvelle-Calédonie : quels enjeux de souveraineté ? - France Catholique
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Nouvelle-Calédonie : quels enjeux de souveraineté ?

La tension restait vive après le voyage-éclair d’Emmanuel Macron à Nouméa, le 23 mai. Le chef de l’État n’exclut pas de recourir à un référendum.
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Nouméa, Nouvelle-Calédonie.

Capture d'écran CNews 27 mai 2024.

Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie est en proie au chaos : maisons incendiées, supermarchés pillés, barricades dressées, sept morts dont deux gendarmes.

L’élément déclencheur est l’élargissement du corps électoral voté par les députés le 14 mai, après son adoption par le Sénat en avril. Comme il s’agit d’une révision constitutionnelle, le processus doit normalement s’achever par un vote solennel du Parlement réuni en Congrès. L’enjeu est de mettre fin à une absurdité issue des accords de Nouméa (1998) qui ont figé le corps électoral à la demande des Kanaks, en privant de droit de vote les habitants installés sur le « Caillou » après 1998, soit 20 % de la population, principalement des Européens et des Asiatiques. Les Kanaks, qui ne représentent que 40 % de la population, craignent d’être dilués dans un ensemble au sein duquel ils seraient minoritaires, ne pouvant plus faire valoir leur aspiration à l’indépendance.

Menaces d’intimidation

Mais tous les Kanaks ne sont pas indépendantistes – loin de là. Les trois référendums qui se sont tenus depuis 2018, sous l’empire du corps électoral actuel, ont donné une large victoire aux loyalistes, favorables à la France. « L’erreur politique majeure en Nouvelle-Calédonie, estime, dans Le Figaro, Éric Descheemaeker, professeur de droit privé à l’université de Melbourne, a été de poursuivre en même temps deux idées pourtant contradictoires. La première était de faire jouer la démocratie… La seconde était de préparer l’île pour l’indépendance. » On a ainsi mis en place un processus
d’autodétermination dans le but d’accompagner la Nouvelle-Calédonie vers l’indépendance, tout en faisant voter les Calédoniens. Or, ceux-ci ont montré qu’ils n’entendaient pas se séparer de la métropole. Et ce, malgré les menaces d’intimidation des indépendantistes, relayées aujourd’hui par la propagande azérie – l’Azerbaïdjan cherchant à se venger du soutien, pourtant timide, de la France à l’Arménie – et, en métropole, par La France insoumise qui qualifie les Caldoches – Calédoniens d’origine européenne – de colons.

Un rempart face à la Chine

Au-delà du rétablissement de l’ordre public, l’enjeu est triple : sur le plan institutionnel, mettre fin à une discrimination électorale incompatible avec nos principes ; sur le plan économique, dynamiser la production de nickel – nécessaire pour la production de batteries électriques – qui représente un quart des réserves mondiales mais souffre de la concurrence indonésienne ; sur le plan géostratégique, maintenir la présence française – la Nouvelle-Calédonie représente 20 % du domaine maritime français –, seul rempart face à la domination chinoise qui s’exerce de plus en plus sur l’arc mélanésien. C’est un enjeu de souveraineté.