« Quelle émotion d’entendre les coups de crosse de l’archevêque résonner sous les voûtes de la nef… J’étais ému aux larmes ! », confie Paul, étudiant qui a assisté à l’office de la réouverture de Notre-Dame de Paris, le 7 décembre. La cérémonie a duré près de deux heures, au cours desquelles Emmanuel Macron a pris la parole, puis le nonce, Mgr Celestino Migliore, a lu un message du pape François : il « est beau que nombre d’ouvriers et d’artisans aient témoigné avoir vécu cette aventure de la restauration dans une démarche spirituelle. Ils se sont mis sur les traces de leurs pères dont seule la foi, vécue dans leur travail, a pu édifier un tel chef-d’œuvre où rien de profane, d’inintelligible ni de vulgaire n’a sa place ».
Le Saint-Père a rappelé qu’il est primordial que Notre-Dame reste ouverte à tous « généreusement et gratuitement », car tous doivent être accueillis. Mais la cathédrale est avant tout un lieu de culte pour les catholiques que le pape a invités à « se réapproprier leur héritage de foi ». « Puisse donc la renaissance de cette admirable église constituer un signe prophétique du renouveau de l’Église en France. »
Au cours de la soirée, les pompiers de Paris ont aussi été chaleureusement applaudis, et les artisans remerciés. Enfin, le Magnificat et le Te Deum ont été chantés.
Consécration de l’autel
Dimanche 8, la messe de réouverture au culte de la cathédrale a été célébrée par Mgr Ulrich, qui a consacré le nouvel autel. Dans son homélie, l’archevêque a insisté sur la place de l’autel dans l’église : « Instrument par lequel nous apprenons à voir le Christ au milieu de nous, comme le roc solide où notre foi s’appuie, comme le calvaire où l’on découvre jusqu’où vont le don de soi et l’amour total, et comme la table autour de laquelle le Christ forme ses disciples. »
Comme beaucoup, un prêtre présent a été frappé par cette consécration : « C’est un rite antique, si incarné et si riche en symbolique ! » (cf. FC n° 3881) De même, tous les participants ont noté et admiré la minutie de la restauration, souligne encore Paul : le souci du beau « dont étaient épris tous les artisans du chantier ».
Avec un bémol, ajoute-t-il, sur les ornements liturgiques, qui ont surpris plus d’un fidèle, notamment le fait que les couleurs liturgiques n’aient pas été respectées… Pour l’étudiant, « c’est incompréhensible, comme si tout le monde avait répondu à l’appel exigeant de nos aïeux, sauf nous, leurs héritiers… ». De même que le mobilier liturgique « n’était pas à la hauteur de cette liturgie », ajoute ce prêtre parisien.
Action de grâce
La messe s’est achevée dans la liesse et le recueillement. Pour beaucoup, c’était un moment vécu intimement, dans la foi : « En passant le portail de la Vierge, voyant la cathédrale dans sa splendeur et sa pureté, les larmes vinrent naturellement. Je revoyais ma propre renaissance depuis ma rencontre avec Jésus », témoigne Elvire, étudiante en école de commerce. Reconnaissance, joie et action de grâce étaient sur toutes les lèvres.
Emmanuel Macron
« Transmettre et espérer »
« Notre cathédrale nous dit combien le sens, la transcendance, nous aident à vivre dans ce monde. Transmettre, et espérer. Tel est le sens de ce travail, et de notre présence ce soir. Nous nous inscrivons à notre tour dans ce cortège de bâtisseurs, nous révélant à nous-mêmes face à l’adversité. Les cloches vont sonner, l’orgue va s’éveiller, les fidèles bientôt viendront prier. Le monde retrouvera la cathédrale rebâtie et embellie. Et nous, il nous faudra garder comme un trésor cette leçon de fragilité, d’humilité et de volonté, et n’oublier jamais combien chacun compte, et combien la grandeur de cette cathédrale est inséparable du travail de tous. Ce soir, ensemble, nous pouvons partager la joie et la fierté. Monseigneur, Notre-Dame de Paris vous est redonnée. »
Extrait du propos du Président de la République, le 7 décembre.